Le ministre de la Santé, Mohamed Cheikh Biadillah, estime que la couverture médicale est un pas important vers la consolidation de la solidarité et la cohésion sociale. ALM : SM le Roi Mohammed VI a présidé, hier au Palais royal d'Agadir, la cérémonie de signature de la charte de mise en oeuvre du code de couverture médicale de base. Quelle est l'importance de cette charte? Mohamed Cheikh Biadillah : C'est un véritable cadeau de fin d'année et de l'Aïd que SM Mohammed VI offre aux Marocains. Et pour cause, nous allons passé d'un taux de 17% de couverture médicale à celui de 35% de l'ensemble de la population marocaine. En plus, nous prévoyons que la moitié de la population soit couverte par l'assurance-maladie obligatoire. C'est une aubaine également pour les professionnels, puisque les sommes concernées par cette couverture médicale passent de 3,6 milliards à 6 milliards de DH, dont vont profiter les médecins, les pharmaciens et les cliniques privées, notamment. Enfin, c'est un pas important vers la consolidation de la solidarité et la cohésion sociale. Quand est-ce que l'AMO couvrira la totalité de la population marocaine? Je vous rappelle qu'en 2006, le gouvernement compte lancer le Régime d'assistance médicale (RAMED). Ce régime étant destiné aux plus démunis. C'est de cette manière que dans les prochaines années, l'AMO couvrira l'ensemble des citoyens marocains. Entre-temps, le gouvernement consacrera une enveloppe de 648 millions de DH pour financer un programme d'urgence pour les soins destinés aux mères et aux enfants, ainsi que pour l'achat de médicaments pour les populations les plus démunies, sans compter l'amélioration des services d'urgence dans les hôpitaux publics. Qu'en est-il de la capacité des organismes gestionnaires de l'AMO à mener à bien leurs tâches? La CNOPS et la CNSS se sont dotées d'outils modernes de gestion. Cela fait plus d'un an que ces deux Caisses travaillent d'arrache- pied pour être prêtes le 1er janvier 2005. C'est chose faite, elles ont effectué une mue complète. On peut dire, aujourd'hui, qu'il n'y a pas de problème sur ce volet. Ceci dit, nous devons rester vigilants. Les dérapages et les fraudes de tout genre ne sont pas impossibles. J'en profite donc pour exhorter tous les intervenants, essentiellement les médecins qui sont les ordonnateurs à fournir tout l'effort pour que cette expérience soit une réussite totale. Vous avez parlé de fraudes. Quels sont les moyens de contrôle dont dispose l'Etat pour lutter contre ce fléau? En fait, c'est une question de mentalité avant tout. Cependant, les organes gestionnaires disposent des moyens de contrôle. Ils ont le personnel suffisant pour le faire. Aussi, en instaurant le système des carnets de santé pour chaque personne, nous contribuerons à instaurer un contrôle efficace. Les syndicats du secteur de la Santé ont appelé à une grève nationale, ce mercredi 5 janvier. Qu'en pensez-vous? Je pense qu'il est paradoxal d'organiser une grève nationale, au lendemain de la signature de la Charte, sous la présidence de SM le Roi. Et ce sont les premiers concernés par l'AMO qui appellent à cette grève. Effectivement, leurs doléances sont réelles et méritent l'attention du gouvernement. Mais le timing est mal choisi. Avec le Premier ministre, nous avons tenu une réunion, à l'aéroport de Rabat-Salé, avec les responsables syndicaux pour les convaincre de renoncer à cette grève. Hier soir, je me suis réuni avec les syndicalistes au siège du ministère pour continuer la discussion. Nous comprenons qu'ils ont des pressions de leurs bases, mais j'espère que la grève sera suspendue, afin de nous permettre de résoudre les problèmes du secteur de manière sereine.