Ali Lmrabet, le directeur de deux-mains a comme il dit «El Kachaba Ouasaâ», on s'en doutait, mais on ne savait qu'il l'appelait comme ça. À chacun son truc d'autant plus que depuis le temps qu'il se prête avec un consentement remarquable et assidu à la tournante des services de tous poils, il a dû mesurer la largesse de sa Kachaba ou de sa nuisette, si vous voulez. Ali Lmrabet, le directeur de deux-mains a comme il dit «El Kachaba Ouasaâ», on s'en doutait, mais on ne savait qu'il l'appelait comme ça. À chacun son truc d'autant plus que depuis le temps qu'il se prête avec un consentement remarquable et assidu à la tournante des services de tous poils, il a dû mesurer la largesse de sa Kachaba ou de sa nuisette, si vous voulez. Mais là n'est pas notre propos et il ne l'a jamais été d'ailleurs -ce n'est pas dans notre culture- nous ignorons sincèrement pourquoi il a percuté sur ce sujet. Mais, dans la vie, chacun fait son outing comme il peut. Plus sérieusement, ce qui nous intéresse le plus chez Ali Lmrabet c'est comment un ancien commis de bureau d'une ambassade, viré avec perte et fracas, devient un auxiliaire incontournable de la communauté des services secrets étrangers au Maroc et un vecteur utile des services marocains. C'est la fameuse théorie du pot de confiture, chacun y met le doigt, à sa guise, jusqu'à épuisement mais cela finit toujours en compote. À partir du moment où les professionnels du renseignement trouvent un espace comme Demain, il devient leur boîte à lettres. Ils s'envoient des messages, des tests, ils valident des argumentaires, ils bombent le torse quand il le faut, ils organisent des escalades, des désescalades…bref, en bons professionnels, avec toute la panoplie dont ils disposent, ils font leur job. Le seul cocu dans l'affaire c'est Ali Lmrabet. Il pense - si l'on peut dire - lui, naïvement faire du journalisme alors qu'il est complètement mité. Ni son salmigondis verbal, ni ses caricatures imbéciles, ni ses photomontages de potaches boutonneux, ni ses outrances puériles n'arrivent à le hisser au niveau des enjeux qui forcément et naturellement le dépassent. Un journal comme cela est véritablement une aubaine. Il y a de par le monde des journaux qui se prêtent à ce jeu par stratégie, par concept ou par choix. Ils sont souvent dirigés par des personnes aguerries. Ce qui n'est pas le cas de notre écervelé. Lui, il est complètement cinglé, il est atteint par la folie comme d'autres sont atteints par la grâce. Il vit d'ailleurs cela comme ça. Et il est heureux, comme un benêt, comme il dit, de vendre. Il vend quoi ? Son âme, même un diable moyen et besogneux n'en voudrait pas? Ses valeurs, elles ne sont pas cotables sur l'échelle des valeurs humaines. Ses services ? Ceux d'un fou ne valent rien. Des idées? soyons sérieux. De l'humour, de la satire, de la polémique, des pamphlets, par inculture criarde ? Il ne maîtrise aucun ressort de ces genres difficiles auxquels de grands intellectuels ont donné leurs lettres de noblesse. Alors il vend, encore, quoi ? De la diffamation, de la haine, de l'injure, de l'imprécation, de la délation? Même pas. Parce qu'il a l'air, dans son isolement morbide, «sincèrement» étonné et déstabilisé que ses propres procédés soient, sciemment, retournés contre lui, à la faveur d'une modeste chronique ramadanienne, primesautière et guillerette. Alors que vend-il, finalement ? Rien du tout, car il n'a rien à vendre. La supercherie est désormais éventée, le masque est tombé et nous arrivons à pas de géants à la démonstration magistrale de son inutilité structurelle. Ah ! On allait oublier, il dit avoir des lecteurs, c'est vrai. On ne va pas faire l'analyse de leur motivation, de décortiquer leur acte d'achat ou essayer de saisir la vérité intime de leur geste ou de leurs pulsions. On dira tout simplement à Ali Lmrabet, en nous appuyant solidement sur la sociologie marocaine, que dès qu'il y a un accident de la route, tous regrettables, dans notre beau pays, on ne peut jamais empêcher un attroupement de se constituer. C'est le syndrome de la jouka. Plus l'accident est sanguinaire et grave, plus la foule des curieux est massive, mais elle est aussi volatile que la cause de l'accident est souvent insaisissable. C'est cela la loi du genre. Demain est un accident de la route, c'est tout. Et le pauvre Ali Lmrabet est un chauffard paranoïaque. Prions pour lui pour -c'est une image- qu'il ne rate pas un virage, un jour. PS : Pour un quotidien, ALM, qui vend, selon lui, 800 exemplaires par jour, on ne comprend pas pourquoi celui-ci l'empêche de dormir et mobilise, désormais, d'une manière obsessionnelle, ses colonnes et le peu d'énergie qui lui reste. C'est un autre mystère, mais on y reviendra, un autre jour, avec beaucoup de plaisir.