Le Maroc a déposé officiellement sa candidature à l ‘organisation de la Coupe du Monde 2010 réservée pour l'Afrique. C'est la quatrième tentative marocaine, sauf que cette fois-ci elle se produit sans le ministère des Sports dissous par le nouveau gouvernement. Un paradoxe de taille. On savait depuis longtemps que le Maroc allait présenter ou représenter sa candidature à l'organisation de la coupe du monde de football. Après trois tentatives infructueuses, le gouvernement marocain a déposé officiellement sa candidature auprès de la FIFA pour abriter la Mondial 2010. Depuis le mois de mai déjà, Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait pris la décision de ficeler ce dossier et avait entamé ce nouveau round par l'inauguration du Grand stade de Casablanca. Le Souverain s'est d'ailleurs impliqué personnellement dans ce dossier en engageant plusieurs actions au niveau national et international. Dans plusieurs de ses interventions, le Souverain a exprimé sa volonté d'exaucer le vœu de son père Feu Sa Majesté Hassan II qui s'était fortement déployé avec son aura internationale pour réaliser ce rêve. Il faut reconnaître que le défunt Roi avait failli faire pencher la balance en faveur du Maroc face à la France pour le Mondial 1998. Il ne manquait qu'une seule voix à notre pays pour réaliser l'objectif du Roi défunt dont l'obstination a surpris plus d'un. C'est dire qu'au plus haut niveau de l'Etat tout a été fait pour que notre pays devienne le premier pays africain à organiser la Coupe du Monde de football. On connaît la suite, et l'on connaît les raisons de ces échecs qu'il faut incomber à l'amateurisme de ceux qui étaient chargés de ce dossier. Aussi bien le ministère de la Jeunesse et des Sports que l'Association Mondial 2006 qui a été créée spécialement pour vendre le produit Maroc ont failli à leur mission soit par incompétence, soit par méprise. Aujourd'hui la donne a totalement changé puisque face à la candidature marocaine il n'y aura que des adversaires africains. Ce qui n'est pas une sinécure face à des concurrents de taille telle l'Afrique du Sud qui sans la défaillance honteuse d'un membre de la FIFA aurait supplanté l'Allemagne de Beckenbauer au Mondial 2006. Ceci étant le Maroc possède beaucoup d'atouts qui pourraient jouer en sa faveur. Sauf que sur le plan intérieur la constitution du nouveau gouvernement a tout chamboulé, voire tout chambardé sur le plan de nos structures sportives. L'éclatement du ministère de la Jeunesse et des Sports avec la dissolution surprenante du département sportif était pour le moins que l'on puisse dire inattendue, D'aucuns ont estimé que cette décision était inopportune voire incompréhensible dans une conjoncture politique et sportive qui ne justifie aucunement ce changement de cap aussi radical. D'autant plus que jusqu'à ce jour, le gouvernement n'a pas pipé mot sur l'organe ou l'institution qui aura en charge la gestion de notre sport à la place du ministère défunt. En tous les cas, et au-delà des dysfonctionnements qui vont en découler sur les structures sportives, il est quand même curieux qu'un ministère des Sports disparaisse alors que le Maroc présente officiellement sa candidature au Mondial 2010. Le traitement de ce dossier relève de l'Etat et la campagne pour l'organisation du Mondial n'est pas exclusivement d'ordre sportif puisqu'elle déborde largement sur la diplomatie et le politique. Or en l'absence du ministère des Sports qui était la courroie de transmission entre l'association 2006 et les Etats représentés dans le comité exécutif de la FIFA, la diplomatie parallèle risque d'achopper sur de gros obstacles. Il va de soi que depuis la dissolution du département sportif, les opérateurs dans ce domaine ont perdu tous les repères. Personne parmi les dirigeants sportifs les plus proches des pouvoirs publics n'a compris les tenants et les aboutissants de cette décision. Mais tout le monde s'accorde à dire que cette désintégration du ministère aura des conséquences négatives sur de nombreuses structures sportives. Ce faisant cette dissolution subite et non programmée a mis en désarroi le gouvernement, lui-même, avant de semer le doute chez les tous les opérateurs sportifs qu'ils soient dirigeants, sportifs ou fonctionnaires. Ce qui gêne aux entournures, c'est que le gouvernement se cantonne dans un mutisme assourdissant concernant les mesures à prendre pour suppléer le ministère. Jusqu'à présent la rumeur et seule la rumeur véhicule la création d'un haut-commissariat au sport comme ce fut le cas au début des années soixante. Mais il n'y a rien d'officiel qui puisse donner une configuration exacte de cette éventuelle instance, sauf qu'elle a suscité une incroyable frénésie au sein des postulants à sa direction. Les candidats à la candidature se bousculent chaque jour dans les colonnes de la presse pour arriver les premiers devant un édifice qui n'existe pas encore. Entre temps, le temps presse et la candidature du Maroc à l'organisation du Mondial 2010 ne doit pas être édifié sur des rumeurs et des hypothèses. Il est vrai que l'association Mondial 2010 chargé de la campagne existe déjà sue le papier et que le président de l'association 2006, Driss Benhima, a été reconduit. Mais on ne sait pas comment le Wali de Casablanca peut concilier cette lourde tache avec le projet de tout un peuple en l'absence d'une instance sportive supérieure. Il faut tirer les leçons des erreurs du passé, établir le bilan sportif, politique et financier de la dernière campagne que le Maroc a perdue. Il est tout de même curieux qu'on n'ait pas publié les résultats de l'audit sur les dépenses de la campagne du mondial 2006. Benhima avait pourtant promis de le rendre public. Ce n'est nullement rassurant surtout pour une équipe qui perd et qui normalement devra être, profondément sinon totalement, remaniée pour qu'elle soit plus percutante dans la prochaine compétition. Encore faut-il qu'elle puisse disposer des armes nécessaires pour défendre le produit Maroc et faire une promotion basée sur le réel et non sur le virtuel des maquettistes. Force est de constater que sur le plan de l'infrastructure, rien n'a sensiblement changé même si les intentions sont toujours bonnes. Or les barons de la FIFA ne raisonnent qu'avec le concret et s'il n'y a pas de stades bâtis ou de chantiers commencés, il est interdit de rêver. Or le grand stade de Casablanca reste un rêve puisque depuis son inauguration, pas une seule pierre n'a été posée. Sur le plan africain, les atouts de proximité géographiques avec l'Europe et la tradition footbalistique de notre pays sont certes reconnus. Mais il faut beaucoup plus pour organiser la Coupe du Monde surtout lorsque le gouvernement dissout un ministère des Sports et le remplace par le vide.