A cause de la non-retransmission, de la rencontre opposé, mercredi dernier l'équipe nationale de football et la sélection de Navarre, les Marocains Résidant à l'Etranger se sont sentis abandonnés. Injustice, discrimination, humiliation... autant de mots pour exprimer leur déception. Les Marocains Résidant à l'Etranger sont en colère et veulent le faire entendre. Et pour cause : la non-retransmission de la rencontre qui avait opposé, mercredi soir, à Pampelune, l'équipe nationale de football à la sélection de Navarre et qui s'est soldée par la victoire de cette dernière sur le score de 2 à 1. Alors que tout le monde s'attendait à ce que le match soit retransmis en direct, et c'est ce qui a été annoncé par la TVM, les MRE ont été surpris par la non-retransmission de la rencontre, juste après l'hymne national et la présentation des deux équipes sur le terrain. Les témoignages qui nous sont parvenus en disent long sur la déception de la communauté marocaine à l'étranger. «À vingt heures, le sentiment de fierté et de "marocanité" montait avec l'affichage de la liste des deux équipes. Nous étions, à la fois, heureux et stressés, comme tout marocain. Et puis ce qui n'était pas prévisible arriva. Personne n'avait pensé, une fraction de seconde, que la TVM allait priver une partie des Marocains, de ces moments agréables et chaleureux. Je ne peux pas vous décrire l'immense amertume des MRE, en général, et de ma petite famille ainsi que mes invités», a confié Zakaria Dalil Essakali, ressortissant marocain vivant en France, qui se demande pour quelle raison, la chaîne de rue El Brihi, qui est un service public, a décidé de couper la transmission. « La TVM a-t-elle pensé aux sentiments de nos enfants qui étaient en maillot rouge et vert, scandant les noms des joueurs de l'équipe du Maroc. Pourquoi tant de mal ? Un service public est censé satisfaire les intérêts de tout citoyen, sans distinction de race, de sexe et de lieu ? », s'interroge ce dernier sans trouver de réponse. Même sentiment à travers toutes les capitales du monde : Paris, Montréal, Munich, Milan, Bruxelles, Madrid… À Amsterdam, où réside une forte communauté marocaine, c'est le ras-le-bol collectif. Privés du match, les Marocains de Hollande n'ont pas eu l'occasion de voir les professionnels qui évoluent dans le championnat des Pays-Bas, tels Ali Boussabone et Saïd Bekkati, porter, pour la première fois, le maillot national. Jaâfar Ammari, jeune universitaire marocain résidant en Belgique et fervent supporter des «Lions de l'Atlas», fait partie de ceux qui se sont sentis abandonnés ce soir-là. «Au moment où les joueurs rejoignent leurs places pour entamer la rencontre, l'incroyable a lieu : la retransmission est coupée, la restriction est appliquée. Seuls les résidants au Maroc auront le droit de suivre cette rencontre. On coupe le Maroc en deux, ce qui n'est pas sans nous rappeler une certaine tactique coloniale. On prive ces Marocains à l'étranger de suivre de la rencontre leur équipe. Partout, on partage le même sentiment : le dégoût. Une peine amère reste à travers les gorges. On n'arrive toujours pas à y croire. Un vrai coup bas. Rendez-vous annulés, soirées en famille abandonnées, journées programmées en fonction de cette rencontre, tâches retardées, tout semble s'écrouler d'un seul coup. Comme pour nous rappeler que la vie, finalement, ne tient qu'à un fil. Et les responsables de la RTM ont bien choisi sur quel fil tirer», a commenté, avec amertume, Ammari. Avant d'ajouter : «L'union cède à la dispersion. Les cafés se vident. La même déception sur tous les visages. Le même sentiment d'abandon ressenti par tout le monde : l'humiliation vient, à nouveau, de pointer le bout de son nez». On a déjà assisté à ce genre de scénario, et qui va certainement porter un coup dur à la nouvelle image de la chaîne de la rue El Brihi qui se veut une chaîne nationale au service de tous les Marocains qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs».