Au moment où les destructions et la pluie contrarient les secours en Asie, la communauté internationale témoigne de sa plus grande solidarité. Un élan de générosité sans précédent. Une semaine après la série de tsunamis qui a dévasté les côtes de l'océan Indien, secouristes et soldats s'attellent à venir en aide aux survivants, tout en s'efforçant d'enterrer les corps en décomposition. Et c'est dans des conditions redoutables, dues notamment à de fortes pluies, qu'une «force multinationale» regroupant organismes humanitaires, navires, avions et hélicoptères militaires acheminait, hier, de l'aide aux zones sinistrées d'Asie du Sud. Conséquence de ces difficultés : des fournitures essentielles s'accumulaient dans les aéroports et les hangars en raison de voies de communication détruites. Au Sri Lanka, par exemple, les pluies torrentielles qui contrariaient les opérations d'assistance ont certes diminué, mais ont tout de même immobilisé les vols humanitaires toute une journée, tandis que des inondations subies empêchaient encore d'approvisionner des restes de villages et des camps de réfugiés établis près du littoral. En Thaïlande, les autorités ont mobilisé des éléphants pour le levage et le transfert de charges lourdes. Encore plus exceptionnel, des prisonniers ont été enrôlé pour récupérer des milliers de cadavres disséminés le long des plages. Pour la petite histoire, ils auront droit à deux jours de remise de peine pour chaque journée de travail. Mêmes difficultés en Indonésie, où des cargaisons, qui étaient restées bloquées à l'aéroport de Banda Aceh, faute de moyens de transport, sont enfin parvenues dimanche à la ville elle-même, où se sont repliés de nombreux survivants. Cependant, peu de fournitures atteignaient par voie routière les rescapés situés dans des secteurs isolés de l'intérieur. Au Sri Lanka, le pays le plus affecté après l'Indonésie, les Etats-Unis ont dépêché environ 1.500 «marines» et un petit porte-avions avec 20 hélicoptères pour favoriser l'acheminement des secours et entamer les efforts de reconstruction de l'île. Associations humanitaires et ONG n'ont pas manqué de déployer tous leurs efforts. C'est le cas de l'Unicef, dont la directrice exécutive, Carol Bellamy, qui entame aujourd'hui une tournée de cinq jours commençant par le Sri Lanka, a souligné la nécessité de porter une attention particulière aux enfants survivants. «Il est difficile de se représenter la peur, la confusion et le désespoir des enfants qui ont vu d'énormes vagues emporter leur monde», a-t-elle déclaré. Et d'ajouter : «Des enfants ont perdu toute apparence de la vie qu'ils connaissaient, de leurs parents, de leurs frères et sœurs ou de leurs amis aux maisons, aux écoles et aux quartiers. Ils ont désespérément besoin de soins et d'affection». Mais le plus le fait le plus salutaire face aux conséquence tragiques de ce séisme sous-marin de magnitude 9 au large de Sumatra, qui rappelons-le a fait près de 127.000 morts, reste l'élan de générosité témoigné par la communauté internationale. En effet, sept jours après ce gigantesque ras de marée, l'aide promise par la communauté internationale atteignait deux milliards de dollars. Après une réaction initiale timide de la part des pays riches, le passage à la nouvelle année a vu doubler les contributions financières. Au moment où les Etats-Unis décuplaient leur aide à 350 millions de dollars, le Japon a surenchéri, promettant 500 millions de dollars. Mais malgré l'intensification de cette aide, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a de nouveau averti que des dizaines de milliers de personnes risquaient encore de succomber à des maladies comme le choléra. Selon David Nabarro, responsable de l'OMS qui se fonde sur des situations d'urgence humanitaire précédentes, il est à craindre que 50.000 autres personnes meurent de maladies. Pire encore, cinq millions d'habitants de la région pourraient cruellement manquer d'eau, de vivres et de matériels sanitaires de base. S'agissant de la reconstruction, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a estimé que la reconstruction régionale prendrait sans doute de cinq à dix ans, évoquant la «plus grande catastrophe à laquelle nous ayons dû réagir». M. Annan se rendra jeudi prochain en Indonésie, d'où il lancera probablement au monde un appel en faveur d'une assistance supplémentaire. Enfin, au milieu de la désolation, le journal Jakarta Post a rapporté hier une nouvelle relativement heureuse. Dix touristes originaires de Grande-Bretagne, du Canada, du Japon, des Pays-Bas et de Suisse ont été retrouvés vivants sur la petite île de We, située à 25 km au large de la pointe nord de Sumatra. «Relativement», car 10 survivants sur un total dépassant les 125.000 reste tout simplement insignifiant.