Le marché est bien approvisionné en produits de première nécessité et à large consommation pendant ce mois de Ramadan. Et pourtant, les prix des fruits et des légumes sont exorbitants. Comme l'ont annoncé les autorités compétentes au début de ce mois sacré, le marché est bien approvisionné en matières de premières nécessité et à large consommation. Il était supposé qu'aucune pénurie ne viendrait inquiéter les consommateurs. Cela revient à dire que les prix resteraient stables et n'enregistreraient aucune augmentation de nature à fausser les calculs des ménages, notamment ceux dont les bourses sont modestes. Seulement sur le marché, la réalité est autre. Il n'y a pas de pénurie, mais il y a une flambée des prix, en particulier pour les légumes et fruits. Cet état de choses s'explique par le fait que la consommation des ménages enregistre une nette augmentation pendant ce mois sacré. Ramadan demande un budget particulier, dit-on. Par exemple, la famille qui consomme d'habitude un kilogramme de tomates par jour voit sa consommation doubler en la matière pendant ce mois. Le prix atteint dix dirhams le kilogramme, parfois. La même augmentation est enregistrée dans la consommation du pain, du lait et ses dérivées. La hausse des prix s'explique aussi par les fortes pluies qui se sont abattues sur plusieurs régions du pays cette semaine. Ce temps pluvial empêche les agriculteurs de transporter leurs marchandises, notamment les légumes et fruits vers le marché de gros. Chose qui se répercute négativement sur l'approvisionnement des autres marchands au détail, qui ne possèdent pas les moyens et l'espace nécessaire en vue de gérer des stocks pour de longues durées. « Avec le mauvais temps, on n'arrive pas à s'approvisionner comme il faut, notamment en ce qui concerne certains fruits, oranges, pommes, etc. », affirme M'hamed, marchand au détail de légumes et fruits à Hay Mohammadi. Ce temps pluvial oblige également les marchands ambulants, qui sillonnent les boulevards de la ville, à rompre leurs activités. Ils ne peuvent pas, à cause du mauvais temps, vendre ces denrées dans les différents petits souks et n'importe où dans les rues des quartiers populaires. Leur activité, qui concurrence déloyalement les marchés formels, permet aux familles ayant des revenus modestes de bien s'approvisionner avec des prix « convenables ». Là, la quantité prime sur la qualité. Une ménagère pourrait faire ses courses de la journée avec une somme de cinquante dirhams. Ce qui compte c'est la quantité. « Il est plus important pour moi de préparer une gamelle riche en légumes avec un morceau de viande de poulet ou quelques grammes d'abats. De toute façon, mes enfants ne posent jamais de questions », affirme Halima, 42 ans, veuve, mère de cinq enfants, résidant à Sidi Bernoussi. Cette femme de ménage a été également empêchée par le mauvais temps d'exercer son activité habituelle qui consiste à vendre, le soir, par terre, des produits issus de la contrebande, à la Joutya de Hay Mohammadi. La pluie, qui a, ainsi, des bienfaits sur le monde de l'agriculture, n'est pas sans inquiéter d'autres dans le périmètre urbain, non pas par les débordements, mais par le gel de leurs activités précaires, notamment en ce mois de Ramadan.