Alors que Bagdad réaffirme sa volonté de coopérer largement avec les Nations unies, Washington multiplie ses bombardements dans les zones d'exclusion aérienne. Le processus du désarmement de l'Irak est relancé après quatre ans d'interruption, depuis l'arrivée à Bagdad d'une avant-garde de 24 inspecteurs de l'ONU, spécialistes en logistique et en communication. Le chef des inspecteurs, Hans Blix, qui se veut à la fois ferme et rassurant, estime que la situation est tendue, mais une nouvelle occasion de désarmer est offerte à Bagdad. Cette première équipe de l'ONU doit préparer l'arrivée des inspecteurs en désarmement proprement dits qui doivent entrer dans le vif du sujet, c'est-à-dire le recensement des sites susceptibles de stocker des armes irakiennes de destruction massive. Si tout se déroule comme convenu, le désarmement de l'Irak prendra entre six mois et un an. Bagdad assure qu'il coopérera avec l'ONU pour ne pas donner de prétexte aux Etats-Unis pour l'attaquer et pour négocier la levée de l'embargo qui lui est imposé depuis 1990. Washington affiche son scepticisme face à cette bonne volonté et a lancé une nouvelle mise en garde contre les ripostes irakiennes contre les avions anglo-américains qui opèrent dans les zones d'exclusion aérienne : «Une réaction qui pourrait constituer une violation patente de la résolution 1441», a réaffirmé le porte-parole de la Maison-blanche. Des incidents quasi quotidiens opposent la DCA irakienne aux bombardiers américains et britanniques qui survolent les zones d'exclusion aérienne imposées à l'Irak au Nord et Sud de son territoire, depuis la première guerre du Golfe. Ces zones, sensées protéger les minorités kurdes et chiites, ne font l'objet d'aucune résolution de l'ONU. Kofi Annan l'a d'ailleurs rappelé en faisant remarquer à l'administration Bush que la résolution 1441 ne concernait pas ces zones d'exclusion. Bagdad n'a pas manqué de relever le caractère provocateur de l'approche américaine qu'il considère comme «une couverture et justification» pour l'agresser. Il se dit d'ailleurs convaincu que les Etats-Unis lancerait «une opération militaire», désarmement ou pas. Le «New York Time», citant des responsables américains alliés, confirme ces craintes irakiennes en rapportant que la Maison Blanche a d'ores et déjà lancé des préparatifs diplomatiques et militaires pour une éventuelle entrée en guerre conte le régime de Saddam Hussein. L'administration américaine aurait obtenu en privé des assurances quant aux autorisations d'atterrissage et de vol de nuit de la part de plusieurs pays d'Asie centrale et du Golfe. On n'en est pas encore là car le chef des inspecteurs de l'ONU, Hans Blix affirme qu'il faisait des progrès dans ses discussions à Bagdad, au terme de ses premières rencontres avec des responsables irakiens. Blix a rencontre au siège du ministère irakien des Affaires étrangères une équipe de l'Organisme national de contrôle, contrepartie irakienne de la Commission de vérification et d'inspection de l'ONU.