C'est le temps de la mobilisation guerrière. Cependant, les inspections se multiplient en Irak. Les manifestations pacifistes aussi. D'autre part, Bagdad veut punir Moscou en rompant son contrat pétrolier. Le Pentagone a demandé à l'armée américaine de placer quelque 27.000 réservistes ou gardes nationaux en état d'alerte et de se préparer à reprendre du service dans la région du Golfe. Cette mesure confirme que Washington continue de préparer activement la guerre contre l'Irak. En effet, toute opération militaire passe nécessairement par le concours de la garde nationale ou de réservistes, en tout cas pour certaines spécialités comme la médecine. Sur le terrain des inspections, une équipe onusienne a engagé, hier dimanche, une visite surprise dans une usine de l'industrie militaire, aux environs de Bagdad. Cette entreprise fabrique des ogives de missiles. Les inspections en désarmement de l'ONU se sont multipliées tout au long du week-end. La centaine d'inspecteurs, désormais à pied d'œuvre, ont également visité un « centre de contrôle des maladies contagieuses ». La majorité des autres inspections concerne le programme balistique irakien. Parallèlement, le chef des inspecteurs, Hans Blix, a exigé de l'Irak une liste de ses scientifiques impliqués dans les programmes relatifs aux armes de destruction massive ». La résolution 1441 du Conseil de Sécurité donne aux experts le droit d'interroger des scientifiques en Irak ou de les faire sortir du pays pour les mettre à l'abri d'éventuelles représailles du régime. Les inspecteurs vont soumettre un rapport formel au Conseil de Sécurité en janvier. Selon l'armée américaine, des avions américains et britanniques continuent de bombarder des objectifs dans le Sud et le Nord de l'Irak. Des accrochages quotidiens opposent l'Irak à ces avions dans les zones d'exclusion aérienne. Bagdad estime que ces bombardements sont le prélude à une guerre totale contre l'Irak et demande à la communauté internationale de faire cesser cette guerre non déclarée. Il affirme qu'entre le 9 novembre et le 6 décembre des avions américains et britanniques ont mené 1.141 attaques aériennes dans son espace aérien. « Ces violations quotidiennes et les bombardements de villes et de villages irakiens ont atteint le niveau d'une guerre non déclarée », soutient Bagdad. Sur un autre plan, la Russie réagit à la rupture unilatérale par l'Irak de ses contrats pétroliers avec les entreprises russes. Moscou prétend que Bagdad veut la punir pour avoir soutenu la résolution de l'ONU sur le désarmement de l'Irak. Le groupe pétrolier russe « Loukoil », qui avait signé en 1997 avec Bagdad un énorme contrat de plusieurs milliards de dollars pour l'exploitation de l'un des plus importants gisements pétroliers irakien « West Qurna-2 », attend de plus amples explications et considère pour l'instant que son contrat reste en vigueur. «Non à la guerre contre l'Irak», « Pas une goutte de sang pour le pétrole », ou encore «Halte à la BUSHerie ». Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté le week-end dans les rues de Paris, Lyon, Grenoble, Nice, Marseille, Toulouse, Rennes, Rouan, Nancy et Bordeaux, notamment, à l'appel de plusieurs organisations et associations pour exprimer leur opposition à une guerre contre l'Irak. Même élan en Allemagne, où l'on a manifesté dans le calme devant la base américaine de Francfort, ainsi qu'à Copenhague, où se tenait le Sommet européen. Les manifestants répétaient à l'unisson : «Aujourd'hui, nous protestons contre la guerre en Irak parcequ'elle ne va servir que les intérêts économiques et qu'elle déprécie la vie humaine ». Ou encore : «Les inspecteurs de l'ONU ne sont là que pour valider la guerre. L'ONU n'utilise pas son droit de veto, elle ne joue plus son rôle du tout ».