Golfe. Le pétrole, but inavoué de la guerre envisagée en Irak ? Les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité recevront une copie non-expurgée de la déclaration irakienne. Renfort d'experts en désarmement pour de nouvelles inspections. Les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité auront un accès plein et entier au rapport irakien sur son arsenal militaire. Les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France et la Grande-Bretagne recevront donc une copie intégrale et non-expurgée de ce dossier de 12.000 pages. Les membres non permanents du Conseil, au nombre de dix, ne recevront qu'une copie traduite, analysée et privée d'informations sensibles, comme celles relatives à d'éventuelles indications sur la fabrication de bombes. La déclaration irakienne est arrivée dimanche soir au siège des Nations unies, à New York. Les deux valises noires contenant la déclaration qui pourrait décider de la guerre ou de la paix en Irak ont immédiatement été emportées dans les bureaux de la Commission de Contrôle, de vérification et d'Inspection de l'ONU (COCOVINU). Selon Bagdad, le rapport, remis dans les délais fixés par la résolution 1441, établi que l'Irak ne possède pas d'armes nucléaires, chimiques ou biologiques et devrait donc éviter la guerre. Ce n'est pas l'avis des Américains et des Britanniques qui affirment disposer de preuves sur la possession par l'Irak d'armements prohibés. Ils continuent cependant de refuser de rendre publique ces preuves. Le Conseil de Sécurité a chargé le COCOVINU d'examiner le rapport irakien afin de s'assurer que sa publication ne contredit pas les traités internationaux interdisant la diffusion d'informations permettant la fabrication ou l'acquisition d'armes de destruction massive. Le rapport irakien pourrait en outre contenir des indications sur les pays ou les compagnies ayant passé des contrats d'armement avec Bagdad, ce qui risquerait d'embarrasser ces parties et éventuellement ouvrir la voie à des procès et des actions interminables en justice. À cet égard, la Chine estime que le rapport irakien devrait être évalué en fonction de ce qu'auront trouvé les inspecteurs en désarmement des Nations unies. « Nous pensons que la discussion sur la déclaration faite par l'Irak et les conclusions à en tirer est l'affaire du Conseil de Sécurité qui doit juger de manière objective et impartiale sur la base des faits établis sur place par le personnel de l'ONU au cours des inspections », selon un communiqué du ministère des affaires étrangères. La Chine réaffirme, par la même occasion, sa position de principe qui veut que la question irakienne doive faire l'objet d'une solution diplomatique dans le cadre du Conseil de Sécurité. Sur le terrain, les inspections se sont poursuivies avec la visite de nouveaux sites suspects. Le rythme des inspections est appelé à augmenter dans les jours à venir, 25 nouveaux experts sont venus rejoindre 17 de leurs collègues présents en Irak depuis le 25 novembre. Au plan militaire, l'armée américaine a commencé hier des manœuvres dans le Golfe destinées à tester un centre de commandement avancé installé à Qatar. L'exercice baptisé « internal look » va prendre une semaine pour tester notamment des moyens de communication. Environ un millier de britanniques et d'américains sont chargés d'évaluer les capacités réelles d'un centre mobile d'un coût de 58 millions de dollars et doté de moyens informatiques et de commandement modernes, permettant de se relier aux différents lieux de présence de troupes américaines. Pendant ce temps, les Européens continuent de s'interroger sur les buts réels poursuivis par Washington au Golfe. Une large majorité des habitants du vieux continent sont convaincus que le pétrole est l'objectif non avoué d'une éventuelle guerre contre l'Irak. 76 % des Russes, 75 % des Français, 54 % des Allemands, et 44% des Britanniques sont convaincus que les Américains vont se lancer dans une guerre contre l'Irak pour le contrôle du pétrole de ce pays. Actuellement, les compagnies pétrolières américaines restent exclues des réserves irakiennes, considérables, alors que Bagdad a signé des contrats avec les groupes pétroliers d'une douzaine d'autres pays, dont la Russie et la France. Les compagnies pétrolières américaines ont déjà été contactées par la Maison-Blanche qui leur a demandé de participer à la reconstruction du système pétrolier irakien, immédiatement après la guerre. L'Irak possède, avec l'Arabie Saoudite et l'Iran, les deux tiers des réserves pétrolières mondiales. Et, cela ne coûte qu'un dollar pour extraire un baril de pétrole dans cette région, comparé aux 12 dollars pour un baril en Amérique du Nord ou huit dollars en Amérique du Sud.