Bush a sur son bureau les plans du Pentagone pour renverser Saddam Hussein. Dans l'immédiat, les Etats-Unis s'efforcent de convaincre la Chine, la France et la Russie de faire passer une nouvelle résolution à l'ONU justifiant son intervention. L'Irak a réaffirmé qu'il n'avait pas l'intention de se plier à une nouvelle résolution comminatoire du Conseil de Sécurité de l'ONU, alors que l'on apprenait dans le même temps que le président américain, George Bush, avait enfin sur son bureau les plans du Pentagone pour renverser Saddam Hussein. Ce plan ultra-secret, déposé à la Maison-Blanche au début septembre par le général Tommy Franks, chef du commandement central américain, doit encore être affiné dans les prochaines semaines, a indiqué un haut responsable de défense des Etats-Unis. Lors d'une visite aux forces américaines basées au Koweït, le général Franks a déclaré que ses unités étaient «prêtes à entreprendre quelque activité et quelque action que ce soit que notre pays pourrait nous ordonner», ajoutant toutefois : «Notre président n'a pas pris de décision d'entrer en guerre». Selon le New York Times, le plan reçu par Bush précise le nombre de troupes au sol, d'avions de guerre et d'unités aéroportées nécessaires à la mise hors combat des défenses aériennes irakiennes, la destruction des moyens de communication militaires et la prise de Bagdad. La première crainte des Américains, en cas d'intervention contre l'Irak, était que ce pays utilise ses armes de destruction massive. Ils laissent entendre que le premier objectif d'une offensive sur Bagdad consisterait à détruire les vecteurs de ces armes, tels que les missiles balistiques, l'aviation ou d'autres moyens non précisés. Dans l'immédiat, la voix n'est pas seulement aux militaires dans la mesure où Washington s'efforce de convaincre des pays comme la Russie, la France et la Chine de faire passer une résolution aux Nations Unies prévoyant explicitement le recours à la force contre l'Irak. Les Russes ont entrebaîllé largement la porte à un compromis. Moscou, comme Paris d'ailleurs, affirme en effet depuis le début qu'il n'est nul besoin d'une nouvelle résolution pour faire plier l'Irak et que, dans l'immédiat, le plus urgent est la reprise des inspections. Sous-entendu, on verra après s'il s'avère que les Irakiens ont menti ou s'ils ne tiennent pas parole en ne laissant pas les inspecteurs travailler à leur guise. Le ministre russe de la Défense demande des preuves au sujet du programme irakien de réarmement : « La position de Moscou concernant une opération militaire contre l'Irak dépendra de l'information qui nous sera donnée par la partie américaine». En attendant, Bagdad a fait savoir qu'il n'était pas dans son intention d'avaler une nouvelle couleuvre sous forme d'une énième résolution de l'ONU le concernant : «L'Irak ne respectera aucune nouvelle résolution qui contredit tout ce qui a été conclu avec le secrétaire général de l'ONU», indique un communiqué officiel lu à la radio. Ce «niet» n'a pas surpris le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, jugeant que l'Irak pratiquait la volte-face et faisait «tourner l'ONU en bourrique» depuis11 ans. De toutes manières, «l'objectif est le désarmement. Ce n'est pas les inspections», a-t-il lancé, évoquant en outre la possibilité que Saddam Hussein fuie l'Irak pour éviter un conflit: «Je suis sûr qu'il y a des pays qui seraient ravis de l'accueillir», a-t-il affirmé. De son côté, l'ayatollah Ali Khamenei, dirigeant suprême de l'Iran des mollahs, a critiqué les Etats-Unis, affirmant qu'ils cherchaient aujourd'hui à détruire en Irak des armements chimiques similaires à ceux qu'ils avaient eux-mêmes fournis à Bagdad à l'époque de la guerre Iran-Irak (1980-1988). Pendant cette guerre, Bagdad, qui avait le soutien des Occidentaux contre le régime de Téhéran tout juste né de la révolution islamique, avait eu recours à des armes chimiques contre les soldats iraniens. Enfin, le Premier ministre britannique, Tony Blair, a été publiquement mis en garde par deux de ses ministres sur les risques d'une guerre contre l'Irak, juste avant la publication d'un rapport très attendu sur la menace posée, selon Londres, par Bagdad. Le rapport, qui sera publié demain mardi, doit «confirmer sans l'ombre d'un doute» que l'Irak possède un arsenal d'armes de destruction massive et multiplie les efforts pour le développer, selon des sources britanniques. Le dossier de 50 pages, visé par la Maison- Blanche, conclut que Saddam Hussein a accru depuis 1998 ses efforts clandestins pour acquérir à l'étranger la technologie nécessaire à la fabrication de l'arme atomique et de missiles balistiques, affirmait hier, dimanche l'hebdomadaire The Observer. Il affirme que l'Irak a disposé, et disposerait sans doute encore, de relais au Belarus et en Ukraine, et aurait fait des démarches, à l'issue inconnue, dans d'autres pays : Russie, Roumanie, les anciennes républiques yougoslaves, le Congo, le Kenya, la Jordanie, la Syrie et la Malaisie.