Evoquée à Washington, Paris et Londres, la question d'une attaque américaine en Irak pour renverser Saddam Hussein est au centre des discussions internationales. Et des polémiques. Les Etats-Unis continuaient lundi d'affirmer qu'ils n'avaient pas de plan de guerre en préparation contre l'Irak. Ce qui ne les a pas empêché de placer ce dossier en tête de tous leurs entretiens avec des responsables occidentaux comme arabes. Lundi, Washington a même affirmé avoir invité six groupes d'opposition irakiens le mois prochain -entre le 9 et le 16 août- pour des discussions sur «un départ forcé de Saddam Hussein». Un porte-parole du Congrès national irakien, Nabil Mousawi, a répondu depuis Londres qu'il acceptait l'invitation. «C'est la première fois que l'administration américaine émet une lettre conjointe de la part du Pentagone, du Département d'Etat et d'autres agences», a-t-il déclaré, ajoutant que son mouvement -qui regroupe plusieurs partis dissidents- désirait une confirmation claire de la part de l'administration Bush concernant son engagement à renverser Saddam Hussein. Souhaitée par les Etats-Unis, cette opération militaire en Irak est depuis le début largement soutenue par la Grande-Bretagne, pays qui a d'ailleurs hébergé le 12 juillet une réunion d'opposants irakiens. Un rendez-vous qui a provoqué un certain malaise dans le monde arabe et surtout en Jordanie. Déjà soupçonné par la presse d'avoir accepté de servir de base pour les forces américaines en cas d'attaque contre Baghdad, le royaume a du s'expliquer sur la participation du prince Hassan Ibn Talal, oncle du roi, à cette réunion. Lundi, le souverain, qui effectue une tournée européenne et américaine dans le cadre de la situation au Proche-Orient et en Irak, a publiquement désavoué son aïeul. Dans les colonnes du journal britannique The Times, il a affirmé que «le prince Hassan avait commis une grave erreur» et qu'il n'avait «pas réalisé les conséquences de son geste». Le roi jordanien a dans le même temps réaffirmé qu'il rejetait le principe d'ingérence dans les affaires intérieures de l'Irak ainsi que toute action militaire» contre son voisin de l'Est. Il avait déjà déclaré dimanche à la chaîne américaine CNN que la seule option possible était le dialogue. «Je peux parler probablement au nom de n'importe qui d'autre au sein de la communauté internationale, de la Chine à la Russie en passant par tous nos collègues de l'Union européenne», a renchéri le roi, quelques jours avant sa rencontre avec le président Bush. Il a aussi évoqué son inquiétude concernant un tel «recours à la force» et «l'instabilité énorme (qu'il) pourrait créer au Proche-Orient». «Le problème, c'est d'essayer de traiter la question de l'Irak sans un mouvement positif entre Israéliens et Palestiniens, entre Israéliens et Arabes », ce qui «semble, à l'heure actuelle, quelque peu ridicule» a-t-il ajouté. Interrogé sur la même chaîne, le ministre irakien des affaires étrangères Naji Sabri avait minimisé le même jour l'importance des déclarations du secrétaire général de l'ONU Kofi Annan qui avait conditionné la poursuite du dialogue avec l'Irak au retour dans ce pays des inspecteurs de l'ONU en désarmement. «Lors de notre dernière session de dialogue à Vienne (début juillet), le secrétaire général a indiqué que les contacts entre les deux parties se poursuivraient, y compris des discussions techniques», a affirmé M. Sabri, ajoutant que «la fixation d'une date pour une nouvelle session s'expose à la pression exercée par les Etats-Unis sur le Conseil de sécurité».