Alors que les pays sinistrés par le séisme qui a frappé le sud-est de l'Asie enterraient des milliers de corps, de nombreux experts et organisations internationaux tirent la sonnette d'alarme avertissant que les maladies et la faim pourraient faire autant de victimes. Presque 68.000 victimes. C'est le bilan du séisme dévastateur qui a frappé le sud-est de l'Asie dimanche matin. Et ce chiffre pourrait facilement atteindre les 100.000 morts. Ces estimations morbides se basent en effet sur le très grand nombre de disparus dont les corps n'ont pas encore été découverts. Rien que dans la province indonésienne d'Aceh, les responsables de plusieurs organisations internationales qui supervisent les aides et les secours avancent un chiffre très probable de 80.000 corps retrouvés dans les prochains jours alors que le bilan officiel faisait état de 36.268 dans tout le pays. «Je dirais qu'il y a vraisemblablement environ 80.000 morts, entre 50.000 et 80.000 morts», a ainsi déclaré Michael Elmquist, chef du bureau de l'Onu pour la Coordination des affaires humanitaires en Indonésie. En Inde, le bilan a atteint 12.000 morts alors qu'au Sri Lanka et en Thaïlande, le tsunami a respectivement fait 22.000 et plus de 1500 morts. Dans ce dernier pays, des plages de rêve se sont transformées en de véritables cimetières pour des dizaines de centaines de touristes étrangers, près de 3500 au total, originaires des pays scandinaves pour la plupart. Les Suédois arrivent en tête de liste puisque 1500 sont toujours portés disparus. Les Norvégiens sont au nombre de 800 alors le Danemark et la Finlande ont perdu la trace de 200 de leurs concitoyens. Dans cette partie du globe donc, le chaos est total. Et les aides et secours internationaux ont du mal à être acheminés vers les villages et petites îles dévastées par le raz-de-marée, ce qui laisse la voie libre à la propagation des épidémies. L'importance de l'armada des secouristes dépêchés par mer et pas la voie aérienne par la communauté internationale, en fait l'une des opérations humanitaires les plus importantes de l'histoire. En effet, les Nations unies ont fait savoir qu'elles s'apprêtaient à lancer ce qui pourrait être le plus grand appel aux donations de leur histoire, afin de donner des moyens suffisants à l'effort humanitaire qui s'est mis en place. Et pourtant, nombreux sont les villages côtiers qui ne peuvent espérer être touchés par cet élan de solidarité internationale en raison de leur éloignement. Résultat : les amas de décombres dégageant une odeur écœurante de corps en putréfaction persistent en raison du manque de matériel lourd nécessaire au déblayage. « Nous sommes particulièrement inquiets au sujet des gens habitant dans les zones côtières isolées, qui sont difficiles à atteindre parce que de nombreuses routes et de nombreux ponts ont été détruits», explique Jeff Dick, directeur du Programme alimentaire mondial de l'Onu au Sri Lanka. Et d'ajouter : «Les communications demeurent très problématiques, et de nombreux axes cruciaux au plan logistique, utilisés pour acheminer de la nourriture, sont toujours bloqués ». Des conditions qui favorisent la propagation des épidémies. Un risque d'autant plus élevé que selon un haut responsable de l'Organisation mondiale de la santé, les maladies pourraient faire autant de morts que les tsunamis eux-mêmes. Des équipes de la Croix-Rouge spécialisées dans le traitement de l'eau et les systèmes sanitaires sont arrivées au Sri Lanka et en Indonésie pour rétablir l'accès à l'eau potable et éviter la propagation de maladies telles que le paludisme. Dans ce chaos, de très rares bonnes nouvelles émergent tout de même. Celle de la survie miraculeuse d'un bébé suédois âgé de quatorze mois en est un exemple. Perdu dans la panique qui a suivi le raz-de-marée, il a ainsi été retrouvé par des proches, dont sa grand-mère après avoir été sauvé dimanche par un couple d'Américains qui l'avait découvert entouré d'une couverture au sommet d'une colline. Le bébé avait été sauvé des eaux quelques heures plus tôt par un villageois thaï.