Recherché depuis quatre ans dans la région d'El Jadida, un jeune voyou a été arrêté et condamné à quatre ans de réclusion pour avoir agressé, violé, et tenté de kidnapper des victimes. Salle d'audience à la Chambre criminelle près la Cour d'appel d'El Jadida. Mohamed, un jeune et grand gaillard, est, en ce jeudi du mois de décembre, au banc des accusés. « Tu es accusé de constitution d'une association de malfaiteurs, vol qualifié, viol, tentative de kidnapping, trafic de drogue et trafic de boissons alcoolisées sans autorisation », lui rappelle le président de la cour. Mohamed baisse la tête, garde le mutisme, puis regarde le président pour nier les charges retenues contre lui. “Je suis innocent, Monsieur le président », affirme-t-il. Et qui a déclaré tous ce qui a été consigné dans les procès- verbaux de ses déclarations? Mohamed a nié avoir déclaré quoi que ce soit aux gendarmes et qu'il a été obligé de signer. A-t-il raison ou tort ? Selon le dossier de l'affaire, ce natif d'Ouled Frej, province d'El Jadida a quitté l'école après deux ans dans le primaire. À son dixième printemps, il est devenu journalier dans les champs d'Ouled F'rej. Ne rapportant pas grand-chose, il a décidé regagner la métropole, huit ans plus tard, pour chercher un emploi. Seulement, il n'a appris à Casablanca que la boisson et la consommation de la drogue pour rebrousser chemin vers son lieu natal sans avoir réussi. Que devait-il y faire ? Comment doit-il gagner sa vie ? Comment acheter sa dose quotidienne en vin rouge et en haschich? Pour y arriver, il faut chercher le chemin le plus court, pense-t-il. Lequel ? Les agressions, le vol, le cambriolage…etc. Et sans trop penser, il passe à l'action. « Est-ce vrai que tu n'as qu'un niveau primaire, que tu as quitté Ouled Frej pour Casablanca avant de retourner chez toi ? », lui demande le président de la cour. Mohamed répond affirmativement. « Qui a dévoilé ton identité et ton parcours aux enquêteurs ? », l'interroge-t-il. Mohamed a baissé une fois encore la tête, évitant de regarder le président de la cour. Les enquêteurs ont consigné dans le procès-verbal qu'il a commencé à imposer aux habitants de lui verser une somme d'argent. Si quelqu'un refuse, il sera agressé, maltraité, malmené. Et pourtant personne n'a déposé plainte. Ils craignent de se trouver face à sa cruauté. Il fallait attendre qu'une femme soit agressée et dépose plainte pour que les éléments de la gendarmerie réagissent. Ils l'ont cherché partout. Mais en vain. Il a disparu. Seulement, il a réapparu quelques semaines plus tard, mais loin des yeux des limiers qui n'ont ménagé aucun effort pour le mettre dans leurs filets. Cette fois, il a été accompagné par deux complices, son frère et l'un de ses amis. Tous les trois ont profité de l'absence du mari de Zahra pour faire irruption chez elle, la nuit. Sous la menace des couteaux, elle n'a pu demander secours. Ils l'ont violée à tour de rôle, devant les yeux de son petit enfant avant de prendre la fuite après avoir subtilisé une somme de cinq cents dirhams, une radio-cassette et des effets vestimentaires pour femmes. Sans perdre une minute, les limiers ont effectué aussitôt une opération de ratissage, soldée par l'arrestation des deux complices de Mohamed. Ce dernier a pris une fois encore la fuite. Quelques jours, plus tard, il réapparait dans des lieux plus ou moins déserts afin qu'il agresse les passants notamment les femmes. Il n'hésitait pas à les violer dans un terrain vague et leur subtiliser tout ce qu'elles portent sur elles. La dernière fois, il a croisé Khadija, vingt-deux ans. Il a tenté de l'obliger à se déshabiller pour la violer. Toutefois, elle est arrivée à s'enfuir et se réfugier au poste des gendarmes. Aussitôt, ces derniers sont montés dans leur Jeep et ont entamé un ratissage des lieux. Quelques minutes plus tard, ils l'ont épinglé. « Ce sont les victimes qui ont porté plainte contre toi et elles te connaissent », lui dit le président de la cour. Ce dernier lui a rappelé également que les enquêteurs ont saisi sur lui une quantité de deux kilos de cannabis, deux cent grammes de tabac en feuilles et trois litres d'eau-de-vie (mahia). Mettant la marchandise saisie devant lui, Mohamed s'est contenté de tourner les yeux à gauche et à droite. Après le réquisitoire du représentant du ministère public, qui a requis la peine maximale contre Mohamed, la plaidoirie de son avocat qui a réclamé les circonstances atténuantes, les délibérations, la cour l'a jugé coupable et l'a condamné à quatre ans de prison ferme.Un châtiment considéré comme clément.