La conférence des donateurs pour l'Irak s'est ouverte jeudi à Madrid dans le but d'initier un fonds de plusieurs milliards de dollars pour la reconstruction de ce pays. La conférence des États s'est ouverte avec le début d'une réunion parallèle du secteur privé rassemblant quelque 300 multinationales et autres entreprises, européenne, américaine et irakienne. La conférence, qui dure deux jours et rassemble 61 nations et 19 organisations internationales, planche sur les besoins de l'Irak évalués à près de 56 milliards de dollars pour la période 2004-2007 dont 17,5 pour la seule année 2004. Les annonces de contribution viennent du Japon, de Grande-Bretagne, de l'Espagne, du Canada et l'Union européenne. D'autres contributions devaient être annoncées à Madrid sous forme de dons ou de prêts. Après la journée de jeudi, consacrée à l'évaluation des besoins et à une conférence du secteur privé, se tient vendredi la conférence ministérielle pour que chaque participant annonce sa participation. En Irak même, la journée est ordinaire, si l'on peut dire, avec son lot de morts et de blessés. Les attaques sont mieux coordonnées. Le doute commence d'ailleurs à s'installer parmi les responsables américains qui admettent désormais qu'il leur faudra longtemps avant de pouvoir sécuriser le pays. Dans une note adressée à ses proches collaborateurs, interceptée par la presse, le Secrétaire d'État à la Défense Donald Rumsfeld écrit que les Etats-Unis ont du mal à mesurer les progrès dans leur guerre contre le terrorisme et doivent se préparer à de longs séjours en Afghanistan et en Irak. Le contenu de ce texte daté du 16 octobre, diverge grandement avec l'optimisme affiché en public par Donald Runsfeld et l'Administration américaine sur les progrès réalisés dans les deux pays occupés. Le Secrétaire à la Défense estime « impossible » de réformer l'armée assez rapidement pour lutter efficacement contre la guérilla et qu'une « institution nouvelle « pourrait être nécessaire. Dans ce chapitre sécuritaire, les attaques contre les forces de la coalition en Irak sont mieux coordonnées et les réseaux Al-Qaïda y sont impliqués,affirme le Pentagone. Un général américain déclare : «nous sommes convaincus que les activistes poursuivront leurs attaques qui seront plus dures et plus désespérées, dans la mesure où ils perdent des hommes dans ces opérations . Il y a une synchronisation et une coordination au niveau local et même régional». Il a aussi cité Ansar Al-Islam dans ces termes : «nous pensons qu'Ansar Al-Islam et al-Qaïda vont continuer leur opération dans le pays (…) mais nous ne pouvons pas confirmer que des agents d'Al-Qaïda sont détenus ». Auparavant, l'administrateur américain de l'Irak, Paul Bremer, avait déjà affirmé que le nombre d'activistes liés à Al-Qaïda ou Ansar Al-Islam présents en Irak ne cessait d'augmenter depuis quelques mois. Le plus grave aujourd'hui pour le Pentagone est la démoralisation qui caractérise ses troupes sur le terrain. D'ailleurs, au moins, une trentaine de militaires américains n'ont pas regagné l'Irak après deux semaines de permission passées aux Etats-Unis, ont annoncé des porte-parole militaires. Les responsables des ressources humaines de l'armée de terre américaine rapportent qu'une trentaine de militaires ne s'étaient pas présentés comme prévu à l'embarquement de leur vol à l'aéroport de Baltimore-Washington. Certains d'entre eux ont été autorisés à prolonger leur permission aux Etats-Unis, notamment pour des problèmes familiaux, ont-ils précisé, mais à la date du 20 octobre, aucun ne s'était présenté à son unité. Enfin, le rapport de la commission indépendante créée après l'attentat du 19 août contre le Quartier-Général de l'ONU à Bagdad (22 morts) accable les Nations Unies dont il dénonce la gestion en matière de sécurité et confirme que le Secrétaire général Kofi Annan a décidé de passer outre une recommandation d'évacuer le personnel expatrié de l'ONU en Irak, faite par ses collaborateurs après cet attentat et celui du 22 septembre. Sévère pour l'ensemble de la gestion de la sécurité par les Nations Unies,le rapport est sans pitié pour les hauts responsables de l'ONU sur place : « l'équipe de Bagdad, comme la direction opérationnelle à New York », « écrit la commission, « ont été incapables d'évaluer les changements intervenus en Irak depuis l'évacuation en mars 2003 » à la veille de l'invasion américano-britannique. « Le retour à Bagdad de l'équipe de l'Onu le 1er mai a été caractérisé par une série d'entorses aux propres règlements et directives de sécurité de l'Organisation », note-t-elle. Des agences de l'ONU n'ont tenu «aucun compte de maximum de personnel » qu'elles étaient autorisées à avoir en Irak et ont fourni « des chiffres faux pour en dissimuler le total », révèle la commission, qui précise que cette situation a compliqué l'établissement de la liste des victimes.. La commission révèle aussi que « le souci de sécurité manifesté par l'équipe sur place n'était pas à la hauteur de l'hostilité de l'environnement ». Le rapport confirme en outre que les responsables de sécurité ont recommandé à l'unanimité, au lendemain de l'attentat, l'évacuation immédiate d'Irak de tout le personnel expatrié : «Les hauts responsables de l'ONU réunis à New York ont fait le leur cette décision, mais Kofi Annan a choisi de ne pas en tenir compte, essentiellement afin de maintenir une présence institutionnelle minimum dans ce pays », écrit la Commission. Sur un autre plan, une délégation technique effectue actuellement une visite à Damas pour rechercher l'argent que Saddam Hussein aurait placé dans des banques syriennes. Selon le magazine américain « Time », les Etats-Unis soupçonnent le président déchu d'avoir mis à l'abri quelque trois milliards de dollars dans des banques syriennes placés sous contrôle gouvernemental. L'Administration Bush a demandé aux dirigeants syriens que cet argent soit restitué.