Le maintien des deux chefs de la diplomatie marocaine déçoit Madrid qui se garde à peine de nous imposer les ministres des Affaires étrangères qui trouveraient grâce à ses yeux ! L'enthousiasme suscité à Madrid par la nomination de Driss Jettou au poste de Premier ministre semble s'être émoussée. Sérieusement. Motif : le maintien au gouvernement du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Mohamed Benaïssa et de Taïeb El Fassi promu ministre délégué aux Affaires étrangères et à la coopération. La reconduction des intéressés n'a pas été visiblement au goût des responsables espagnols qui s'attendaient à ce qu'ils ne figurent pas dans le nouveau cabinet Jettou. La presse espagnole s'est fait d'ailleurs largement l'écho de la “déception“ du gouvernement Aznar. Selon le quotidien La Razon du samedi 9 novembre, considéré comme proche des militaires, la reconduction de M. Benaïssa “fait planer le doute sur les intentions du Maroc concernant le dialogue avec l'Espagne“. Cette publication ajoute que les milieux diplomatiques à Rabat ont été à la fois “surpris“ et “déçus“ par le maintien en poste de M. Benaïssa qui “a appliqué les instructions du Palais royal en matière de politique étrangère“ en le rendant responsable du “refroidissement notable“ dans les relations de Rabat avec Madrid et Bruxelles. Commentaires de la même eau dans le quotidien ABC dont l'auteur de l'article consacré au sijet estime que Taïeb El Fassi, présenté comme un partisan de la ligne “dure“ envers Madrid, est le véritable exécutant des décisions prises au niveau du ministère marocain des Affaires étrangères. Le journaliste conclut son article en indiquant qu'il “s'agit d'un mauvais signe qui fait craindre l'éclatement d'un nouvel épisode dans le conflit bilatéral, cette fois-ci à cause de la question du Sahara“.Un autre article paru dans le même journal présente M. El Fassi comme étant “rusé“ et “intriguant“. El Pais, quant à lui, s'est évertué à juger la composition du gouvernement. Dans un article consacré à cette question, le journaliste considère que “la nomination de plusieurs technocrates à la tête de certains ministères prouve que S.M le Roi Mohammed VI veut s'impliquer davantage dans la gestion des affaires économiques de son pays“. Ce quotidien estime que cette implication indirecte du souverain peut porter préjudice à l'institution monarchique. Et puis quoi encore ? L'Espagne qui s'octroie de manière flagrante le droit d'ingérence dans les affaires du Maroc. C'est à peine si Madrid se retient à nous imposer les chefs de la diplomatie qui trouveraient grâce à ses yeux ! M.M Benaïssa et El Fassi, dépeints parfois sous des traits à la limite de la bienséance diplomatique et de la bienséance tout court, sont chargés de tous les maux en leur faisant assumer la responsabilité de la crise maroco-espagnole. La mauvaise foi à l'état pur. Décidément, L'Espagne de José Maria Aznar n'imagine le Maroc que docile et soumis.