Le taux élevé de consanguinité au Maroc peut être attribué «à une forte croyance en des avantages socioculturels de ces mariages». Se marier avec son cousin ou sa cousine est une pratique assez fréquente au Maroc. Selon une étude du département de génétique médicale de l'Institut national d'hygiène, le taux de consanguinité au Maroc est de 15,25%, ce qui place le Royaume parmi les pays à taux assez élevé. Cela dit, certains pays arabes devancent de loin le Maroc. C'est notamment le cas de l'Algérie qui affiche un taux allant de 22 à 25%, le Liban (25%) ou encore la Tunisie et l'Arabie Saoudite (51,3%). En revanche, la fréquence est beaucoup moins importante en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, en Afrique du Sud et dans les pays asiatiques et océaniques de l'Est. Le département estime que ce taux élevé de consanguinité au Maroc peut être attribué «à une forte croyance en des avantages socioculturels de ces mariages». Toutefois, ce taux de consanguinité est en train de diminuer chez les jeunes générations. Cette tendance s'explique par plusieurs facteurs, notamment la diminution du nombre de descendants par famille, l'amélioration du niveau d'étude des femmes, l'adoption du système de la famille nucléaire, le déplacement des zones rurales vers les zones urbaines et un statut socio-économique amélioré. Il faut également relever une augmentation de la proportion de femmes fonctionnaires et une sensibilisation aux conséquences des mariages consanguins sur la morbidité et la mortalité infantiles. 59% des mariages consanguins ont lieu entre cousins germains La consanguinité n'est pas sans risque pour les enfants. En effet, elle augmente le risque de malformations cardiaques, cérébrales et d'autres maladies génétiques. Le département de génétique médicale note que le profil épidémiologique actuel du Maroc se caractérise par l'émergence de maladies non transmissibles, avec un accroissement progressif des maladies génétiques. Le département a mené une étude dans le but précis d'évaluer le taux de mariage consanguin chez les familles atteintes de maladies autosomiques récessives (voir encadré) et de le comparer au taux moyen de consanguinité dans la population marocaine. Dans le cadre de cette étude, les taux de consanguinité ont été étudiés chez 176 familles ayant des pathologies autosomiques récessives. Pour étudier le taux de consanguinité chez la population générale, 852 couples ayant au moins un enfant porteur d'une trisomie 21 confirmée sur caryotype, ont été inclus dans cette étude. Il en ressort que les mariages consanguins représentaient 59,09% de tous les mariages chez les familles avec des maladies autosomiques récessives. Pour sa part, le taux de consanguinité dans la population générale est différent de celui des couples avec une maladie autosomique récessive. Parmi les 852 couples ayant un enfant atteint de trisomie 21, 130 ont été consanguins, ce qui représente un taux global de consanguinité de 15,25% avec un coefficient de consanguinité de 0,0065. Autre constat à relever : le mariage entre cousins germains est le type le plus fréquent des mariages consanguins dans cette étude. Il représente 58,46% du total des mariages consanguins et 8,92% de tous les mariages. La prévention s'impose Le département de génétique médicale fait remarquer que de plus en plus de couples consanguins demandent un conseil prénuptial pour avoir une idée sur les risques d'avoir des maladies génétiques chez leur descendance. Le département appelle à la mise en place de mesures de prévention et de contrôle des maladies génétiques en développant le conseil génétique pour les familles ayant des maladies génétiques autosomiques récessives et en effectuant des tests prénuptiaux chaque fois que possible. Le département relève que les tentatives pour décourager les couples de contracter ce type de mariages ont eu des résultats «peu palpables». D'où la nécessité de mettre en place des programmes de santé pour une meilleure sensibilisation de la population générale et des professionnels de santé aux conséquences de la consanguinité sur la descendance. Ces actions pourraient ainsi contribuer à la diminution de la prévalence des handicaps et économiser des millions de dirhams au système de santé, à moyen et long termes.