La population carcérale étant très vulnérable Le VIH inquiète en milieu carcéral. En effet, la prévalence du virus est d'environ 0,4 à 0,8% chez les détenus contre 0,14% pour la population générale. Un taux assez inquiétant étant donné que la population carcérale est considérée comme la plus vulnérable. Le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), la Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion ainsi que le ministère de la santé veulent réagir. Ils viennent de signer dans ce sens une note d'orientation sur le respect des droits de l'Homme et de l'éthique pour le dépistage du VIH dans les prisons. Celle-ci recommande la mise en place d'un système d'information sur le dépistage du VIH spécifique aux prisons et en concordance avec le système national. De même, ces recommandations appellent à la mise à la disposition pour les détenus de tests rapides ainsi que la formation du personnel médical et paramédical au dépistage du VIH incluant la confidentialité, le consentement éclairé, ainsi que l'éthique y compris le droit de décliner. Dans la même lignée la note d'orientation urge d'élaborer une stratégie nationale sur la santé dans les prisons avec l'intégration des volets VIH, droits humains et genre. Le document relève également l'élargissement du paquet d'activités de prévention du VIH telles que la lutte contre la violence sexuelle et les tatouages. A cet égard, un guide pour standardiser les messages de prévention est préconisé. Le personnel pénitentiaire n'est pas épargné par la note d'orientation. Dans ce sens, ledit document prévoit le renforcement de la protection du personnel pénitentiaire contre les risques professionnels de la transmission du virus et assurer la disponibilité de la prophylaxie post-exposition au VIH. En vue de préserver les droits humains, le dispositif recommandé par le CNDH et la DGAPR appelle toutefois à lutter contre la discrimination envers les prisonniers séropositifs et au renforcement des mesures pour le respect de la confidentialité. Dans le même sens, ces recommandations visent à sensibiliser et renforcer les capacités du personnel des prisons, des surveillants, des chefs de détention et des directeurs. A ce titre, le document promeut la mise en place d'un code de conduite du personnel pénitentiaire pour le respect de la confidentialité. En matière de dépistage du virus, la note recommande de renforcer le dépistage à l'initiative du prestataire en particulier pour les femmes enceintes, les tuberculeux, les porteurs d'IST ainsi que le dépistage à visée diagnostique. Dans l'objectif d'élargir le paquet des services offerts à l'entrée et pendant la période de détention, le document prévoit d'inclure l'offre de dépistage VIH. Afin d'améliorer les soins médicaux, la note recommande l'accès au traitement antirétroviral (ARV) pour les détenus et d'assurer la continuité des soins pour les personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Et ce grâce à la formation du personnel médical pénitentiaire pour la dispensation du traitement ARV et à la prise en charge des patients. La note préconise également la définition du circuit de prise en charge du VIH dans les prisons, tout en précisant les rôles respectifs et le système de référence. Cette signature vient dans un contexte où il n'existe pas encore un programme de lutte contre la violence sexuelle ni contre les tatouages. Pour ce qui est de la discrimination, le CNDH souligne l'absence d'une politique et de pratique d'isolement systématique des prisonniers séropositifs. En outre, il n'y a pas de déclaration nominative des patients séropositifs, la circulation de l'information se fait sous forme de pli fermé. Par ailleurs, les tests rapides pour le dépistage du VIH ne sont pas encore pratiqués dans les prisons. Concernant le système d'information, il n'existe pas encore de dispositif concernant le dépistage VIH dans les prisons, précise le CNDH, mais il sera bientôt mis en place. Leila Ouchagour Journaliste stagiaire