Depuis un an, les relations entre Rabat et Madrid connaissent une crise due notamment à la position de l'Espagne sur la question du Sahara marocain, les responsables espagnols étant favorables aux thèses des séparatistes. En dépit d'un «traité d'amitié et de bon voisinage» signé en 1991 entre Rabat et Madrid, le Maroc et l'Espagne ont été au bord de l'affrontement militaire en juillet pour asseoir leur souveraineté sur l'îlot inhabité de Tourah (Leila), situé à une centaine de mètres des côtes marocaines. Cette escalade militaire, interrompue par une médiation américaine, est intervenue après une dégradation continue des relations maroco-espagnoles marquée par le rappel de l'ambassadeur Abdeslam Baraka le 28 octobre 2001, qui sera suivi de celui son homologue espagnol à Rabat après la crise de l'îlot Leila - et le gel de la coopération économique. «Nos relations avec l'Espagne sont passées d'un conflit économique à un conflit politique, puis stratégique», avait-on déclaré auprès du ministère des Affaires étrangères, à la veille des élections législatives du 27 septembre. Deux mois après le rappel par Rabat de son ambassadeur à Madrid, l'année 2001 s'était achevée sur un nouveau différend entre les deux pays portant sur les frontières maritimes entre les Iles Canaries et les côtes atlantiques marocaines. Le gouvernement marocain, déjà très irrité par l'attitude de Madrid sur la pêche, l'émigration clandestine et la question du Sahara, avait réagi vivement à un décret espagnol autorisant la prospection pétrolière au large des Iles Canaries. Rabat avait rappelé à Madrid la nécessité de respecter le droit international à la suite d'informations sur la délivrance de permis de prospection pétrolière au large de l'archipel à la société espagnole Repsol. Les ministres des Affaires étrangères espagnol et marocain devaient se retrouver en négociations à Madrid entre les 23 et 26 septembre. Une rencontre qui n'a toujours pas eu lieu. L'ordre du jour de la réunion des deux chefs de la diplomatie n'est pas bien défini, Madrid continuant de refuser de discuter de l'avenir des colonies espagnoles sur le sol du Maroc (Sebta, Mellilia, îlots). Tout cela relayé par une partie de la presse ibérique, qui continue à faire preuve d'un anti-marocanisme primaire.