Malgré les nombreuses opérations militaires menées dans le pays, les groupes islamistes armés ont à nouveau frappé lundi et continuent de maintenir la population dans un climat de terreur, en ce mois de Ramadan. Lors d'un ratissage à Djebel Louh, dans la région d'Aïn Defla, à l'ouest d'Alger, un détachement militaire est encore tombé dans une embuscade lundi. Deux soldats et un lieutenant ont été assassinés et un autre grièvement blessé. le groupe islamiste armé a réussi à s'emparer de plusieurs armes, notamment des kalachnikovs. Selon Le Matin de mardi, cette « région comprise entre Derrag, au sud de Médéa, et la zone frontalière entre Tissemsilt et Aïn Defla, est le fief depuis 1996 d'Abdelkader Souane, émir du Groupe sunnite pour la prédication et le djihad (GSPD)». Et le journal d'expliquer que les attaques de ce groupe autonome proche du GIA – qui opère surtout dans l'ouest du pays - ont toujours ciblés les militaires, les patriotes, et les Groupes de légitime défense (GLD). Le GSPD bénéficie également de nombreuses complicités dans cette zone, chose qui a notamment été révélée par l'arrestation en août dernier, de «pas moins de vingt personnes (...) dont des gardes communaux et des élus locaux à Manaâ Ouled Cheikh». Présenté comme affaibli par les autorités militaires du pays, lors d'un récent colloque international sur le terrorisme tenu à Alger, le GIA ne compterait qu'une soixantaine d'éléments mais la dernière embuscade a une fois de plus démontré toute la complexité des réseaux islamistes armés en Algérie, les principaux groupes pouvant compter sur le soutien de plusieurs alliances locales. Le constat est d'ailleurs le même pour le dissident, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat d'Hassan Hattab. La presse rapportait en effet mardi qu'un groupe islamiste armé affilié au GSPC a dressé, dimanche en fin d'après-midi, un faux barrage sur la route reliant la localité de Ammal à l'agglomération de Tiza, 30 km à l'est de Boumerdès, dans l'est. Une trentaine de «terroristes en tenue afghane et armés de kalachnikovs» ont alors bloqué une quinzaine d'automobilistes, selon le Matin. Tous ont «été aussitôt soumis à une fouille minutieuse par des éléments de la horde sanguinaire». Rackets de l'argent et des biens qui se trouvaient dans les véhicules s'en sont suivis. Ces mêmes éléments avaient mené jeudi dernier des incursions dans les communes voisines de Béni Amrane Béni Khelifa, Toulmout et Touzaline. Selon Le Matin, les agriculteurs et commerçants y sont régulièrement rackettés, « les simples fonctionnaires sont contraints, eux, de s'acquitter d'une dîme (djizia) de 1 000 Dinars en échange de leur survie». Le Jeune Indépendant rapportait quant à lui ce mardi qu'il existait «une relation directe entre le crime organisé et le terrorisme » dans cette zone sous contrôle du GSPC. Le quotidien s'est appuyé sur le témoignage du commandant de la gendarmerie de Boumerdès, le colonel Abdelhafid Abdaoui. Selon ce dernier, les groupes du GSPC permettent aux voleurs de sable d'emprunter les chemins qu'ils contrôlent, moyennant le paiement d'une dîme. Ces mêmes éléments «dressent, de leur côté, de faux barrages afin de détourner l'attention des forces de la sécurité et permettre aux pilleurs de passer en toute quiétude ». Près de 1.500 de ces «voleurs» auraient été arrêtés ces deux dernières années. Le réseau, lui, continue toujours de bien fonctionner. Et la population d'être terrorisée.