La feuille de route africaine du Souverain a pour objectif de doter le continent, et le Maroc par la même, des outils de se développer mais surtout des moyens de résister avec force aux tentatives de freiner son épanouissement et son aspiration à se prendre en charge. À quelques jours de la tenue à Addis-Abeba du 28ème Sommet de l'Union Africaine, les regards se tournent vers le Maroc qui s'apprête à rejoindre cette institution panafricaine. Ici, à Rabat, tout a été préparé pour que ce retour se fasse dans les meilleures conditions. Sur le plan procédural, la demande déposée, il y a quelques mois, a été complétée par l'adoption par le Parlement de la loi portant approbation de l'acte constitutif de l'Union Africaine. Sur le plan politique, la diplomatie marocaine s'est mobilisée dans toutes les capitales africaines pour donner à cette demande toutes ses chances d'aboutir. Tout cela a été possible grâce à un Maestro, S.M. le Roi Mohammed VI, qui a composé la symphonie, qui en a affiné les rebondissements, qui a harmonisé les mouvements de l'orchestre et qui, finalement, a corrigé, à fur et à mesure, les fausses notes commises par l'un ou l'autre joueur d'instrument, pour aboutir à la belle musique qui a va être jouée à Addis-Abeba le 30 janvier. Cela dit, il faut néanmoins s'avouer que la majorité des Marocains ne sait pas pourquoi l'on se bat pour ce retour du Maroc dans l'Union Africaine. Cela s'explique par le fait – et c'est l'une des forces du Maroc d'ailleurs – que le peuple marocain adhère à la vision de son Roi et lui fait entièrement confiance dans la conduite de sa destinée. Mais, ce qui étonne, énormément, c'est qu'il y ait une grande partie de l'élite de la classe politique marocaine qui ne saisit pas la portée de ce tournant historique que le Royaume est en train de vivre. Comment peuvent-ils alors jouer pleinement leurs rôles de relais avec la société, comment peuvent-ils agir activement, sur le plan international, pour défendre les intérêts de leur pays s'ils ne font pas l'effort de comprendre d'abord la vision et son impact sur l'avenir de la Nation. Or, c'est justement de cela qu'il s'agit : de l'avenir de la Nation, qui reste très lié à l'avenir du continent. Le principal rôle du Monarque est celui de veiller sur la pérennité de la Nation et de sa résistance aux multiples mutations que le monde est en train de vivre ou de subir. En commandant de bord, il est investi de la mission de sécuriser le voyage, de mener le bateau à bon port et du déroulement du voyage dans une bonne ambiance entre les voyageurs. En assumant la charge du commandement du bateau-Maroc, il y a plus de dix-sept ans, le Souverain avait constaté que la cartographie des routes maritimes avait entièrement changé, que la climatologie avait été perturbée et que les ports traditionnels n'étaient plus les escales les plus idoines pour la réussite du voyage. L'Afrique est aujourd'hui un continent qui constitue l'avenir de l'humanité tout entière. Un continent qui regorge de richesses humaines et naturelles inestimables mais qui souffrait, jusqu'à il y a quelques années, du manque d'une vision commune pour fédérer ses énergies et faire bloc devant la volonté de certains centres d'intérêt mondiaux de pérenniser sa dépendance et retarder son autonomie. Le travail accompli par le Souverain depuis son accession au Trône a consisté à démontrer que tout était possible. Le grand mérite de S.M. le Roi a été, dans ce cadre, d'avoir su faire avant de discourir. Le discours d'Abidjan, fondateur de la stratégie du co-développement, n'est intervenu qu'au bout de plusieurs années de travail conjoint, en bilatéral, avec plusieurs pays africains et qui a contribué à stimuler l'économie dans cette région du monde. Ce n'est qu'après avoir démontré que c'était faisable que le Souverain a tracé les lignes de cette vision. Aujourd'hui, plusieurs dirigeants africains en ont fait leur cause. Et comme le Souverain est adepte de l'action continue et sans relâche pour la réalisation des objectifs escomptés par le continent, il a constaté, il y a quelques mois, que le grand projet de l'épano uissement de l'Afrique nécessitait de passer à une étape plus avancée, à savoir une action continentale commune. Ce qui ne pouvait être possible qu'à travers une instance déjà en place, à savoir l'Union Africaine et qui, dans sa charte, prône le développement conjoint des pays du continent. Un objectif instauré par ses fondateurs mais qui manquait jusque-là d'une stratégie concrète pour y parvenir. C'était le moment donc d'aller de l'avant et d'en finir, une fois pour toutes, avec les visions inspirées des ambitions individuelles chez certains dirigeants africains pour aller vers une feuille de route continentale où tout le monde est gagnant. Le Maroc gagne à retourner dans sa famille institutionnelle africaine comme l'Afrique institutionnelle gagne à réintégrer le Maroc dans ses rangs. Il y va de l'avenir de tout le continent dans un environnement très perturbé où les puissances économiques s'entre-déchirent pour leurs intérêts. La feuille de route africaine du Souverain a pour objectif de doter le continent, et le Maroc par la même, des outils de se développer mais surtout des moyens de résister avec force aux tentatives de freiner son épanouissement et son aspiration à se prendre en charge. Le retour en force dans l'UA n'est pas un luxe, ni un coup politique résultant d'une guéguerre géopolitique avec un voisin, où juste une manière de se positionner diplomatiquement. En faire cette analyse est très réducteur par rapport à sa réelle portée. Le retour émane d'une volonté réelle et sincère d'aller de l'avant dans la construction d'un avenir commun prospère pour les populations africaines. Telle est la vision du Souverain. (*) Directeur central des Rédactions de Medi1tv.