L'Union africaine(UA) n'entend pas baisser les bras sur la crise libyenne. Malgré le rejet de sa feuille de route il y a quelques semaines par les insurgés de Benghazi, l'UA tente encore une nouvelle médiation entre les pro-Kadhafi et les insurgés. Réunis depuis lundi à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne qui abrite le siège de l'institution panafricaine, les rebelles et le régime de Tripoli analysent la possibilité d'un cessez-le-feu sous l'égide de l'UA. «C'est un début encourageant», a déclaré un haut responsable de l'institution continentale. Mais les insurgés demeurent toujours inflexibles : «aucune négociation ne sera possible tant que Muammar Kadhafi est au pouvoir». Pour l'heure, les deux parties se rejettent la responsabilité sur l'enlisement du conflit. Selon le ministre des Affaires étrangères libyen Abdelati Obeidi, «personne ne rejette cette feuille de route à l'exception des Libyens de Benghazi». Le ministre libyen a exhorté les insurgés «à suivre leur bon sens et venir s'asseoir à la table de négociation» pour trouver une issue pacifique à la crise. «Ils devraient d'abord accepter le cessez-le-feu et alors nous pourrons parler des aspirations légales des Libyens, de tous les Libyens», a-t-il ajouté. Pour l'UA, la venue d'une délégation du Conseil national de transition à Addis-Abeba est déjà un progrès même si la médiation a du plomb dans l'aile. «La présence du conseil intérimaire à Addis-Abeba est un bon début. Ça nous encourage. Ils comprennent mieux maintenant la position de l'Union africaine», a déclaré Noureddine Mezni, le porte-parole du président de l'UA. «Ils sont prêts à coopérer avec nous pour réaliser la paix. Mais la paix passe aussi par la nécessité absolue d'avoir un cessez-le-feu», a-t-il dit. Toutefois, l'UA n'a fait aucun commentaire sur le départ ou non du pouvoir du guide libyen. Ce mercredi, le ministre libyen des Affaires étrangères a demandé la convocation d'un sommet extraordinaire de l'Union africaine sur la Libye. «Ce sommet permettra à notre continent de mobiliser ses capacités pour faire face aux forces extérieures qui nous agressent», a affirmé Abdelati Obeidi faisant allusion aux bombardements de la résidence de Kadhafi par l'Otan en début de semaine. Optimisme de Sarkozy et manne d'Obama Le Conseil de paix et sécurité de l'UA a fait savoir que la proposition était en étude. Dans le même temps, une délégation libyenne se trouve actuellement au Vénézuela pour discuter de possibles solutions de paix avec Hugo Chavez. Le président vénézuelien a fermement condamné le bombardement du bureau de Kadhafi et a accusé l'Otan de «vouloir tuer son ami». Concernant les bombardements qui ont visé le bureau de Muammar Kadhafi le 25 avril, Robert Gate, le secrétaire d'Etat américain à la Défense et son homologue britannique Liam Fox ont affirmé, lors d'un point de presse, que le bureau de Kadhafi était «une cible légitime». «Tant que le gouvernement continue de s'en prendre aux civils, nous continuerons de considérer tous leurs mécanismes de commandement et de contrôle comme des cibles légitimes», a ajouté Liam Fox. Le président américain Barack Obama a ordonné le déblocage hier, d'une aide non militaire urgente de 25 millions de dollars destinée aux insurgés libyens. Selon des responsables américains, cette aide pourrait comprendre des véhicules, des camions-citernes, des ambulances, des gilets pare-balles et des équipements médicaux. Nicolas Sarkozy, quant à lui, s'est dit «optimiste» sur la suite des événements en Libye.