Invité à la 4ème édition du FIFM, l'acteur marocain Hamidou Benmessaoud nous livre ses dernières travaux cinématographiques. Entretien. ALM : Vous avez assisté à la 4ème édition du FIFM, quel est votre bilan aujourd'hui en tant qu'acteur marocain de cette édition 2004 ? Hamidou Benmessaoud : L'apparence de ce festival est solide, mais à l'intérieur, il y a plusieurs éléments qu'il faudra essayer de corriger. On ne discute pas son existence, mais son endurance. Si on prend le côté de l'organisation, les grandes lignes sont respectées mais le détail ne l'est pas. Il n'y avait aucune animation sur la scène le jour de la soirée d'ouverture et tout au long du festival. Autant vous avez pris des précautions pour que tout soit solide au niveau de l'organisation, autant, il faut être exigeant pour ce qu'on appelle l'animation. Celle-ci est le noyau dur pour la réussite d'un festival de cinéma de cette pointure. D'ailleurs, il y avait une tristesse terrible qui émanait de la scène, et cela ne correspond pas à l'image de notre pays qui est un pays de gaieté. A quoi cela est-il dû à votre avis? Ceci s'explique par le fait que les personnes qui ont été choisies pour animer n'ont pas beaucoup d'expérience en matière d'animation. Il aurait été souhaitable qu'on fasse appel à des comédiens pour les aider dans l'animation. Des acteurs comme Miftah ou d'autres qui possèdent une renommée internationale auraient pu très bien monter sur scène pour rendre l'atmosphère moins triste et plus agréable. C'est comme ça que ça se passe dans les festivals internationaux comme celui de Cannes, ou encore de Los Angeles. Le spectacle est au point zéro dans ce festival. On ne peut pas rester dans le monde de l'improvisation, surtout que nous accueillons de grands cinéastes du calibre de Sean Connery et d'Oliver Stone. Qu'est-ce que vous auriez proposé pour éviter toutes les failles que vous venez d'évoquer ? Notre pays ne manque pas de potentialités. Nous possédons plusieurs professionnels dans le domaine de la chorégraphie. Je peux citer ici à titre d'exemple Lahcen Zinoun qui est un chorégraphe renommé. Les organisateurs auraient bien pu faire appel à lui pour préparer des ballets et animer la salle. Mais ce n'était pas le cas. Mais au lieu de cela, nous préférons faire appel à des étrangers pour rendre des hommages. On ne fait guère appel à nous, il y a un manque de reconnaissance. Je vous donne l'exemple de l'hommage qui a été rendu à Claudia Cardinale. Les organisateurs ont pensé à faire venir sa fille pour lui remettre le prix. Mais ils auraient très bien pu m'appeler pour le lui remettre. Ceci tout en sachant que je connais très bien Claudia Cardinale puisqu'on a joué ensemble. Je parle ici du film de Claude Lelouch où j'avais le deuxième rôle, «And now ladies and gentleman». Cette absence d'artiste marocain sur la scène est humiliante pour nous. C'est qui me rend triste. Nous avons tous besoin d'exister sur scène et nous avons besoin d'exister par rapport aux autres acteurs. A part cela, notre cinéma est en crise et il faudrait que le festival puisse contribuer à l'exporter. Mais vous semblez avoir un regard assez pessimiste sur le cinéma marocain. Vous n'êtes pas de ceux qui pensent que le7 ème art est en train d'évoluer au Maroc ? Si on ne vend pas nos films ailleurs, est-ce qu'on va continuer à demander à l'Etat de les financer? Nous ne pouvons jamais devenir indépendants dans ce cas. Et pourquoi l'Egypte ne nous achète pas un seul film alors que nous en achetons des milliers par an? Je défie quiconque de me dire qu'il y a un film marocain qui a été projeté quelque part en Egypte. On ne prend même pas le mal de nous passer au moins dans une télévision à l'étranger. Notre cinéma se porte merveilleusement bien. Il faut simplement lui donner un peu plus de moyens. Il faut arrêter de tout mettre sur le dos de l'Etat. Il faut aussi, que le privé se réveille et cesse d'amasser des millions en construisant des immeubles et en détruisant les salles de cinéma. Il faut qu'on cesse de se conduire comme des assistés et de demander sans cesse l'aide à l'Etat car celui-ci a des problèmes plus dramatiques à régler. Et pour parler de votre travail, quelles sont vos toutes dernières nouveautés ? Actuellement je suis dans dans une période de bonheur puisqu'en 6 mois, j'ai fait 4 films marocains et je suis, sur le plan artistique, très heureux de travailler avec mes compatriotes. Nous avons fait de très bons films marocains qui vont sortir l'année prochaine. Je viens de travailler avec Ahmed Ismaël dans le film «Ici et là» qui traite du drame de l'émmigration. Je tourne ces derniers temps avec des jeunes réalisateurs comme Rachid Boutounès et Leila Triki. D'ailleurs j'ai tourné dans un téléfilm de cette jeune réalisatrice intitulé :«Poursuite». Je trouve que c'est un vrai plaisir de jouer dans des films de jeunes réalisateurs. De plus, je joue dans une pièce de théâtre qui s'intitule «1960» du metteur en scène Mehdi Charif. Cela va se dérouler au théâtre Montparnasse à Paris à partir de la saison prochaine. C'est un huit clos qui se passe dans une gare. La pièce raconte l'histoire de 4 familles françaises, chacune représentant une tendance, qui s'apprêtent à prendre le train pour rejoindre Oran où ils doivent prendre le dernier bateau.