Lors d'un colloque international organisé à Alger, des officiers supérieurs algériens ont largement évoqué la situation sécuritaire du pays et les responsabilités des uns et des autres face à la violence intégriste. «L'intégrisme islamiste enfin abordé», la presse algérienne était mardi unanime dans ses commentaires sur le colloque international sur le terrorisme qui s'est déroulé de samedi à lundi à Alger. Cette rencontre organisée par les autorités a rassemblé de nombreux acteurs de la société civile internationale et algérienne, des juristes, des philosophes, des sociologues et des religieux, mais aussi et surtout des officiers supérieurs de l'armée, de la police et de la gendarmerie algériennes. Son caractère international n'a d'ailleurs pas empêché les débats de se concentrer sur la situation intérieure du pays et sur l'équation «Islam-terrorisme». Fallait-il absolument associer ces deux composantes ? Le quotidien Le Matin répondait mardi que «chaque fois qu'un militaire est intervenu» à la tribune, la réponse était claire. Samedi, il y a d'abord eu cette intervention du général Maïza venu, chiffres à l'appui, évaluer la présence actuelle de groupes islamistes armés en Algérie. «Il reste encore 600 à 650 islamistes armés en activité dans les maquis et les banlieues des grandes villes sur les 27.000 enregistrés au début des violences en 1992» a-t-il révélé. Selon le chef d'état-major de la première région militaire, le mouvement le plus influent serait à présent le GSPC d'Hassan Hattab, né de la dissidence du GIA en 1998, et affilié selon lui au réseau d'Oussama Ben Laden. Le GIA reste cependant considéré comme le groupe le plus sanguinaire, et profite de l'appui de groupuscules divers qui lui sont restés fidèles. Et le général Maïza de conclure que « la lutte contre le terrorisme islamiste et son corollaire l'intégrisme exigeront encore davantage de détermination dans la prise de mesures politiques, socioéconomiques, judiciaires et sécuritaires». Omniprésents lors des conférences, les responsables militaires ont d'ailleurs largement mis en avant leur rôle dans la lutte contre les islamistes armés, face à, selon eux, «la frilosité de certains hommes politiques, le FLN notamment». Le général major Mohamed Touati, conseiller du président Bouteflika pour la défense, a par exemple affirmé qu'il était de « ceux qui ont été à l'origine de l'idée de ce qui est devenu la concorde civile ». Une concorde qui, selon lui, est globalement positive. « Il reste que, pour l'armée, la loi sur la concorde civile a expiré le 12 janvier 2000 » notait pour sa part Le Matin soulignant également le fait que, selon le général major Touati, «il n'existe aucun conflit entre l'armée et le président de la République». «L'armée demeure une institution disciplinée au service de l'Etat et de la Nation» a affirmé lundi ce dernier. Après l'armée, c'était au tour de la police d'intervenir sur son rôle «face au terrorisme intégriste». Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale, a ainsi tenu à rappeler que «l'organisation terroriste intégriste, sous le couvert d'un parti créé pour l'occasion », a manifesté « sa violence destructrice bien avant l'interruption du processus électoral en décembre 1991 ». Il a entre autre expliqué que quelque 3.000 jeunes Algériens avaient, avant cette date, rejoint par «des voies clandestines» l'Afghanistan pour combattre «au nom du djihad islamique contre l'occupation soviétique». Selon lui, ces hommes auraient constitué par la suite «l'ossature des groupes armés du GIA». Le colonel a reconnu qu'alors, les services de sécurité n'ont pas su déceler ce qui se préparait, «leur tort». Chose à laquelle ils auraient aujourd'hui remédié.