Trois mois après l'assassinat d'Amina, une jeune dame qui vivait seule à Sala Al Jadida, les enquêteurs sont arrivés à connaître son assassin grâce à une analyse ADN. Mercredi 8 septembre 2004. Mohamed était sur son chemin à destination de chez sa sœur demeurant à Sala Al Jadida. Quand il est arrivé, il a frappé à la porte, mais il n'a pas obtenu de réponse. D'habitude, Amina, sa sœur, ouvrait la porte juste après les premiers coups sur la porte. Angoissé, il n'a pas su quoi faire. Dernièrement, il l'a appelée à maintes reprises au téléphone. Mais elle ne répondait pas. Pourquoi ? Effrayé, il a tenté de forcer la porte. Au bout de plusieurs coups de boutoir, la porte a fini par céder. Dès qu'il a franchi le seuil de la maison, Mohamed a été agressé par une odeur nauséabonde qui polluait l'atmosphère. De quoi s'agit-il ? Mohamed s'est dirigé vers le salon. Personne. Il s'est approché de la chambre à coucher. L'odeur est devenue plus acre. Il s'est bouché les narines avant de s'y introduire. Une découverte horrible et macabre. Le cadavre de sa sœur, Amina, en état de décomposition avancée, criblé de coups d'un objet tranchant et enroulé dans un drap. Qui l'a tuée et pourquoi ? Mohamed a alerté la police, qui s'est dépêchée sur les lieux. Une enquête a été ouverte. Le frère de la défunte les a informés qu'il avait défoncé la porte. Autrement dit, avant son arrivée, la porte était intacte, fermée et ne présentait aucune trace d'effraction. À l'intérieur du salon, sur une table, une théière, trois verres dont deux étaient remplis de thé et une assiette contenant des gâteaux. Etait-elle en compagnie d'une autre personne ? Laquelle ? Amina, la trentaine, originaire de Meknès, employée à la préfecture de la ville de Salé, jouissait d'une bonne réputation dans son quartier. Cette jeune dame sans problème n'entretenait pas beaucoup de relations et aucun homme ne lui rendait visite, sauf ses frères et son père. C'est ce qu'a révélé l'enquête de voisinage effectuée par les policiers. Ces derniers ont vérifié le répertoire de son téléphone portable. Aucun signal sur la personne qui pourrait être son assassin. Après les premiers éléments des investigations, les enquêteurs ont conclu que l'auteur de ce crime ne pouvait être qu'un proche d'Amina. Les funérailles d'Amina se sont déroulées à Meknès où la pauvre fille a été enterrée. Mais son tueur court toujours. Qui était-ce ? Les enquêteurs ont recouru également au père de la défunte pour l'interroger. Connaissait-il bien sa fille ? Ses relations ? Ses mœurs ? A-t-il remarqué un étranger à la famille et des proches d'Amina lors des funérailles ? Le père, qui tenait sa fille en haute estime, a affirmé aux enquêteurs qu'il a remarqué un jeune, qu'il n'avait jamais vu auparavant et qui était venu lui présenter ses condoléances. Le comportement de cette personne a attiré l'attention du père. Qui était ce jeune homme ? Il est de Casablanca. Les enquêteurs se sont rendus chez lui. Il leur a précisé que son frère, Ahmed, connaissait la victime depuis quelque temps. Il les a conduits jusque chez lui. Ahmed, vingt-neuf ans, a paru surpris d'apprendre l'assassinat d'Amina. Des larmes ont jailli de ses yeux. Il leur a expliqué qu'il avait fait sa connaissance par le biais de sa tante avec laquelle il entretenait une relation amicale depuis qu'il était en Espagne. Il leur a précisé qu'il avait rendu visite à Amina, une fois, en compagnie de son épouse. Les enquêteurs lui ont expliqué qu'ils avaient besoin d'un échantillon de sa salive. Le mettaient-ils en cause ? Non, le rassurent-ils, en lui disant que l'enquête policière nécessite de ne négliger aucune piste. L'échantillon a été envoyé au laboratoire scientifique de la Sûreté nationale. Trois mois plus tard, les résultats de l'analyse ADN de la salive font apparaître qu'elles appartiennent à la personne dont on a retrouvé des gouttes de sang prélevées dans la chambre à coucher de la défunte. Bref, la salive et les gouttes de sang appartiennent à la même personne : Ahmed. Un résultat qui l'a poussé à cracher le morceau. «C'est moi qui l'ai tuée», avoue-t-il aux policiers. Pourquoi ? Quand il a rendu visite à Amina pour la première fois en compagnie de sa femme, il a remarqué qu'elle menait une vie aisée, qu'elle disposait d'argent puisqu'elle avait acheté son appartement et s'apprêtait à acquérir une voiture. Alors que lui, vit une crise financière aiguë. C'est à ce moment-là qu'il a eu l'idée de la liquider pour s'emparer de ses biens. Et il a décidé de passer à l'action sans perdre de temps. Une fois arrivé chez lui à Casablanca, il a acheté un couteau. Il a choisi le samedi 4 septembre pour passer à l'acte. Un choix qui n'est pas arbitraire, car il coïncide avec le jour du match de football Maroc-Tunisie. Il savait qu'en cet après-midi, les gens seraient soit chez eux, soit dans les cafés, les yeux rivés à la télévision et que les rues seraient désertes. Le jour J, il s'est rendu chez elle. Quand elle a ouvert la porte, elle a été étonnée de le voir. Elle ne pensait jamais qu'il lui rendrait visite seul. Pourtant, elle l'a accueilli chaleureusement. Quelques secondes plus tard, il est allé aux toilettes. Tout à coup, il l'a appelée en criant. Il lui a expliqué qu'un corps étrange s'y trouvait. Elle l'a rejoint. Là, il l'a tirée par la force et l'a frappée en lui demandant de lui dire où se trouvait l'argent. Elle a tenté de résister. Mais en vain. Il était plus fort qu'elle. Et elle l'a informé que son argent se trouvait à la banque, tout en lui apprenant que ses deux cartes- guichet étaient dans sa chambre à coucher. Quand elle a tenté de s'enfuir, il l'a rattrapée pour la saisir de force et la blesser au niveau du cou. Elle a crié pour demander du secours. A ce moment, il l'a criblée de coups, avant de l'abandonner dans le salon et d'entrer dans la chambre à coucher. Un instant plus tard, elle s'est tenue devant lui, perdant tout son sang. “Donne-moi à boire“, l'a-t-elle supplié. Aussitôt, il lui a asséné d'autres coups de couteau. Après quoi, il a retourné toute la chambre pour mettre la main sur 300 dirhams et une chaîne en or avant de partir sans attirer l'attention de personne et reprendre sa vie normale comme si rien ne s'était passé.