Une délégation dirigée par le candidat à la succession de Arafat, Abou Mazen, effectue une tournée dans plusieurs pays arabes pour expliquer les orientations politiques de la nouvelle autorité palestinienne. La délégation, dirigée par le chef de l'OLP Abou Mazen, est composée notamment du chef de cabinet ,Ahmed Qorei, de Raouhi Fattouh, qui assure l'intérim à la tête de l'Autorité palestinienne, et de Nabil Chaât, chargé des Relations extérieures de l'Autorité palestinienne. Après la Syrie et le Liban, la délégation poursuit son voyage en direction de plusieurs Etats du golfe Persique, dont le Koweït. L'Autorité palestinienne n'a pas de représentation officielle ni en Syrie, ni au Liban, pays qui abritait l'Organisation de Libération de la Palestine avant l'invasion israélienne de 1982. Et si l'OLP maintient des bureaux à Damas, sa représentation au Liban demeure fermée depuis l'invasion israélienne de 1982; elle n'a pas été autorisée à rouvrir ses portes, alors que de nombreux pays arabes ont accordé aux chefs des représentations diplomatiques palestiniennes le statut d'ambassadeur. C'est donc un événement pour les dirigeants palestiniens qui ont été reçus par le président Bachar Al-Assad et par des membres de l'administration syrienne. Ils se sont également entretenus avec les chefs des factions palestiniennes siégeant à Damas, comme le Hamas et le Front populaire pour la Libération de la Palestine, Commandement général (FDLP, CG) d'Ahmed Jibril. Un ensemble de thèmes ont dominé les discussions lors de cette tournée, à savoir le processus diplomatique au Proche-Orient, sur le plan de retrait d'Ariel Sharon et sur les élections palestiniennes prévues le 9 janvier prochain. Mais il s'agit aussi de l'amélioration des relations entre l'Autorité palestinienne et les pays suscités après une longue rupture. Le Koweït n'avait jamais pardonné aux Palestiniens le soutien inconditionnel qu'ils ont apporté au dictateur irakien déchu, lorsque celui-ci avait envahi leur pays. L'actuel chef de l'OLP Abou Mazen a d'ailleurs indiqué, lors de son passage à Damas, qu'il souhaitait effectuer un voyage au Koweït. «Les liens entre la direction palestinienne et ce pays se sont normalisés», avait-il souligné. Des déclarations qui surviennent après une rupture de 14 ans. Il ne faut pas oublier que les autorités koweïtiennes avaient expulsé tous les Palestiniens séjournant sur leur territoire, suite à l'attitude d'Arafat. D'où la déduction de certains observateurs qui lient le changement du Koweït à l'égard des Palestiniens à la mort d'Abou Ammar. Samedi, le Premier ministre koweitien a affirmé que son pays n'exigerait plus d'excuses des Palestiniens pour le soutien de leur direction à l'Irak durant l'invasion de l'émirat en 1990, et souhaité la bienvenue au chef de l'OLP, Mahmoud Abbas, attendu dimanche à Koweït. «Nous considérons que la question de la position de la direction palestinienne sur l'invasion irakienne est terminée», a dit le responsable koweïtien. Dans le même ordre d'idées, le président égyptien, Moubarak, qui souhaite officiellement élargir la coopération arabe dans le processus diplomatique en cours au Proche-Orient, et qui était au Koweït mardi dernier, a évoqué avec les dirigeants koweïtiens la perspective que ces derniers établissent des relations diplomatiques avec Israël et entament la même démarche par la suite dans d'autres pays du Golfe.Certaines sources avancent même que Moubarak aurait suggéré aux autorités koweïtiennes de faire pression sur la Syrie, avec laquelle elles entretiennent d'excellentes relations, pour que celle-ci accepte de «prendre des mesures plus téméraires, afin de prouver qu'elle souhaite renouveler les pourparlers de paix avec Israël ». Finalement, cette tournée dans pays arabes aura surtout été destinée à améliorer les relations avec ces pays et à obtenir le soutien nécessaire à la relance du processus de paix, après la mort de Yasser Arafat. Pour les refuzniks palestiniens, cette tournée appuyée par l'Egypte et certains pays arabes n'aboutirait qu'à sur plus de concessions à faire à l'égard d'Israël, avant même de retourner à la table des négociations. Encore faut-il que les élections prévues dans quelques semaines en Palestine donnent raison aux partisans des pourparlers avec Israël, et que Mahmoud Abbas soit élu à la tête de l'Autorité palestinienne et accepté par tous les Palestiniens.