Saïd, âgé de trente-et-un ans, célibataire, employé de son état, se tient au box des accusés, à la salle d'audience de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Il est accusé de coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner, il ne le nie pas. Il confirme qu'il a donné des coups à Aziz, mais sans avoir l'intention de le tuer, précise-t-il. «Il a harcelé ma mère et l'a maltraitée», explique-t-il, comme pour justifier son acte. Sachant que la victime est un jeune de vingt-deux ans, célibataire, sans profession, repris de justice pour vol qualifié, trafic de drogue et coups et blessures à l'arme blanche. Et pourtant, le président de la Cour explique à Said que ce comportement ne justifie pas des coups mortels. En fait, la mère de Saïd, une quinquagénaire, s'apprêtait à rentrer chez elle quand Aziz, qui a l'âge du plus petit de ses enfants, lui a chuchoté des mots obscènes. Sans trop réfléchir, elle l'a giflé. Le jeune l'a poussée violemment avant de rebrousser chemin. La femme qui s'est renversée par terre s'est levée ensuite pour rentrer chez elle. Lorsque son fils, Saïd, arrive, elle lui raconte tout. Perdant ses nerfs, il est sorti de chez lui pour chercher Aziz. Pas moins d'un quart d'heure, il l'a croisé dans une ruelle du quartier. Sans lui adresser la parole, Saïd lui a donné un coup de poing. Aziz qui était sous l'effet de l'alcool est tombé par terre. Le sang coulait de sa tête. Une ambulance de la protection civile l'a évacué vers le service des urgences à l'hôpital Sidi Othman. Mais, il a succombé à sa blessure. Verdict : Saïd bénéficie des circonstances atténuantes, et la Cour a rendu son verdit en le condamnant à 5 ans de réclusion criminelle.