Les droits de douane appliqués sur l'importation du blé tendre sont passés de 135 à 90% depuis le 16 octobre dernier. Cela permettra de nouveau d'alimenter le marché local qui connaît de nombreux dysfonctionnements… Les minoteries pourront de nouveau tourner à plein régime. Depuis le 16 octobre, les droits de douane à l'importation sont passés de 135 à 90%. Une mesure bien ressentie chez les importateurs et tous les intervenants dans un marché local qui, sans être dans l'état de pénurie, connaît de nombreux dysfonctionnements… Le premier juin dernier, en supprimant les droits dégressifs jusque-là en vigueur sur les importations de céréales, le gouvernement avait cru avoir définitivement réglé le problème des céréales. Jusqu'à cette date, les négociants ne pouvaient valoir pleinement leur rôle, qui est de négocier au meilleur prix à cause du prix du quintal (environ 250 dirhams) garanti à l'agriculteur marocain et au consommateur. Moyen de protéger les récoltes locales, ce système n'est pas exempt de fraudes puisque les droits de douane dégressifs étaient d'autant plus bas que la facture déclarée est élevée. Dès lors, rien n'empêchait certaines entreprises, « les étrangères surtout », précise un importateur marocain, d'user du procédé pour faire sortir des devises en toute légalité. D'ailleurs, l'Administration avait mis en place un comité de suivi pour fixer périodiquement le prix maximum du quintal. Tout importateur ayant déclaré des prix à la limite fixée devrait le prouver. En fin de compte, le système s'est révélé pernicieux, ne faisant ni l'affaire de l'Etat ni celle des opérateurs. Mais, de son côté, le nouveau système ad-valorum mis en place depuis le premier juin, dans sa première copie, n'avait pas résolu le problème. Avec des taxes de 135% appliquées sur le blé tendre, toujours dans le souci de protéger la récolte nationale, « aucun importateur ne peut être satisfait! », déclare-t-on à la direction de la FNCL (Fédération nationale des négociants en céréales et légumes). Aussi, depuis que le système est appliqué, il n'y a pratiquement pas eu d'importations. Ne pouvant désormais plus concurrencer le marché local, la plupart des négociants ont réduit le rythme de leurs activités, certains ont baissé le rideau en attendant des jours meilleurs. Conséquence, l'on s'est retrouvé dans une situation de quasi-pénurie à l'intérieur, dans une saison où la production nationale est jugée assez bonne. Il n'y avait pratiquement plus de céréales sur le marché libre, l'essentiel des stocks étant drainé vers l'ONICL (Office national de l'industrie des céréales et légumineuses), qui, au nom de la subvention, rémunère beaucoup plus. Le calcul est simple pour les producteurs nationaux : « pourquoi approvisionner un marché libre sans attrait ? » La réponse est aux frais des minotiers qui se sont retrouvés ces dernières semaines avec peu de grains, trop peu de grains à moudre. Annuellement, l'ONICL a besoin d'environ 12 millions de quintaux de céréales pour fabriquer 10 millions de quintaux de farine subventionnée. La priorité est donnée au blé local. D'ailleurs, les commerçants préfèrent vendre à l'ONICL qui offre en retour, en plus d'une marge de rétrocession, une marge d'emmagasinage. En conséquence, tout le blé s'est retrouvé dans les greniers de l'ONICL. Ajouté au ralentissement des importations depuis juin, le marché libre était presque vide alors que de l'autre côté, dès le 15 août, l'ONICL, saturé, était obligé d'arrêter les offres bien avant leur terme traditionnel, le mois de novembre. En dernière décision, le blé déjà offert à l'Office a été mis à la disposition des minotiers pour débloquer la situation. Ce qui n'a pas pour autant résolu les problèmes de cette profession qui a besoin de «différents mélanges», pour avoir différentes farines. Quelle que soit la récolte, le Maroc a besoin d'importer annuellement 1,5 million de quintaux, indispensables pour garantir l'activité des minotiers. D'où cette baisse de 135 à 90 % des droits de douane censés redonner au marché libre un peu de compétitivité. Désormais, minotiers et importateurs espèrent de véritables réformes à même de changer le système des subventions. «Pourquoi ne pas verser directement l'argent de la subvention de la farine aux agriculteurs ? », s'interroge un opérateur. Ce serait, à son avis, la meilleure façon d'arriver à un quintal de blé à 220 dirhams (contre 250 dirhams actuellement) pour la farine de base. Reste à savoir si ce vœu ne pourrait pas se réaliser autrement, avec les accords Maroc-UE par exemple. L'une des dispositions de l'arrangement stipule qu'au lieu de payer le régime plein des droits de douane, les importations marocaines seront taxées à un taux de 38% sur un contingent de 400 mille à un million de tonnes de récoltes…