Israël et l'Egypte ont procédé, dimanche 5 décembre, à des libérations croisées. Un Israélien condamné en Egypte pour espionnage et six étudiants égyptiens arrêtés après s'être infiltrés clandestinement en Israël ont été acheminés au point de passage de Taba pour regagner leur pays respectifs. C'est un signe d'un réchauffement certain dans les relations entre l'Egypte et Israël. Dimanche dernier, l'Egypte a relâché un Arabe-israélien condamné pour espionnage en échange de la libération de six étudiants égyptiens emprisonnés en Israël, ont annoncé des responsables israéliens et égyptiens. Le druze israélien Azzam Azzam, arrêté en Egypte en 1996, a été condamné en 1997 à 15 ans de prison pour espionnage au profit de l'Etat hébreu. Le dossier s'appuyait en partie sur des allégations selon lesquelles il avait utilisé de l'encre invisible. Israël avait à l'époque démenti qu'Azzam Azzam, qui dirigeait une usine textile en Egypte au moment de son arrestation, soit un espion et a demandé à plusieurs reprises au président égyptien Hosni Moubarak de le gracier. Parallèlement, six étudiants égyptiens ont recouvré la liberté. Ils s'étaient introduits illégalement en Israël en août dernier et les autorités israéliennes les soupçonnaient de vouloir enlever des soldats israéliens. L'échange a eu lieu au point de passage de Taba entre Israël et l'Egypte. Azzam Azzam a été conduit à l'aéroport d'Eilat, dans le sud d'Israël. Il a été examiné par des médecins avant de retrouver sa famille à Mughar, petite localité du nord de l'Etat hébreu. Immédiatement après cette opération, le Premier ministre Ariel Sharon a déclaré que Israël pourrait libérer à l'avenir des prisonniers palestiniens dans le cadre de cet échange. Hosni Moubarak a pour sa part déclaré auparavant dans la semaine que la nouvelle direction palestinienne devrait pouvoir conclure un accord de paix avec Ariel Sharon. Ces déclarations ont marqué le début de réchauffement dans les relations entre l'Etat hébreu et l'Egypte, dans le froid malgré la signature d'un traité de paix en 1979. Le Caire avait retiré son ambassadeur en Israël en 2000, pour protester contre la répression par l'Etat hébreu du soulèvement palestinien. Pour de nombreux observateurs, la libération d'Azzam Azzam apparaît surtout comme un geste personnel du président Hosni Moubarak à l'intention d'Ariel Sharon. Dans les milieux diplomatiques on évoque le changement spectaculaire des rapports entre les deux hommes après des années de bannissement mutuel. Récemment, le président égyptien n'a pas manqué de rappeler aux Palestiniens que «s'ils ne parviennent pas à des progrès avec Sharon, il sera difficile de le faire après. Il est capable de faire la paix et de résoudre les problèmes s'il le veut». Autre signe qui ne trompe pas, la visite du ministre des Affaires étrangères égyptien, Ahmed Abou-Gheit, et du chef des services de renseignements, Omar Souleïman, mercredi en Israël. Des sources assurent qu'un retour de l'ambassadeur égyptien à Tel-Aviv est aujourd'hui largement envisageable, sachant que son dernier titulaire avait quitté le pays en novembre 2000. Cette évolution s'explique par la multiplication des centre d'intérêts économiques entre les deux pays. Plusieurs experts font observer que l'Etat Hébreu serait particulièrement intéressé par le gaz égyptien. Les Egyptiens de leur côté souhaitent que davantage d'Israéliens viennent profiter de leurs installations touristiques sur la mer Rouge, et ceci, malgré les attentats du mois d'octobre. Un projet de coopération économique, à l'instar de celui qui existe avec la Jordanie fut également abordé. br Politiquement, les deux parties sont déjà engagées dans des discussions approfondies à propos du plan de retrait unilatéral israélien de Gaza. Le Caire se dit prêt à prendre le contrôle de « l'axe Philadelphie », qui sépare Gaza du Sinaï. De même, l'Egypte participe aux tractations en cours pour un cessez-le-feu de la part des Palestiniens. À suivre.