La nomination de Driss Jettou arrange plus les partis de l'opposition que ceux de la majorité. Ce n'est pas l'avis de Mohamed Abied, secrétaire général de l'Union constitutionnelle. Entretien. ALM : Comment vous pouvez interpréter la nomination de Driss Jettou comme Premier ministre ? Mohamed Abied : D'abord, il est nécessaire de rappeler que la Constitution confère à S.M. le Roi le pouvoir de nommer le Premier ministre qui n'est pas forcément partisan. On ne peut commenter une décision royale. Toutefois, il faut relever que M. Jettou n'a rien d'un technocrate. Il est vrai qu'il n'est pas partisan, mais c'est un homme politique qui a réussi le pari des élections libres et transparentes, de l'avis de tout le monde. Ensuite, sa mission lors de l'organisation des législatives a été une mission hautement politique. Ensuite, il jouit d'un respect de la part de tous les acteurs politiques, ce qui le prédispose à mener à bien sa nouvelle mission. Mais est-ce que cette nomination intervient pour pallier la non émergence d'une majorité à la suite des législatives du 27 septembre ? Il faut dire que les élections du 27 septembre ont donné lieu à une carte politique plus éparpillée que jamais. La différence des voix obtenues et des sièges gagnés par chaque formation ne permet à aucune formation, voire à aucune coalition, telle qu'elle se tramait pendant ses dix derniers jours, de dire qu'elle a une majorité lui permettant de former un gouvernement. Ne s'agit-il pas d'un retour en arrière, d'une mise en veilleuse des procédures démocratiques… Absolument pas. Du moment qu'aucun bloc ne s'est affirmé majoritaire, du moment que la Constitution le permet, il n'y a rien d'anti-démocratique. Ceci dit, le choix de M. Jettou est un choix d'un homme de terrain, de consensus et de pragmatisme. D'autant plus que le Maroc doit avoir un gouvernement qui relance l'économie et réinstalle la confiance aussi bien chez le commun des citoyens que chez les investisseurs nationaux et étrangers. On n'est plus dans la logique du politique qui domine et des réglages politiques qui font la loi. C'est la machine économique qu'il faut relancer. Et n'oublions pas que S.M. le Roi a chargé M. Jettou de faire les consultations nécessaires avec l'ensemble des partis politiques pour dégager une majorité et former un gouvernement d'action.