Palestine. Une nouvelle agression de l'armée israélienne a fait au moins 13 morts et 120 blessés à Gaza. Tirs israéliens contre un hôpital et profonde préoccupation de la communauté internationale. Des groupes armés palestiniens juraient hier de venger la mort de 12 Palestiniens lors d'une nouvelle agression israélienne dans la Bande de Gaza : «Le meurtre de civils doit être vengé par le meurtre de civils», a déclaré un haut responsable du Hamas. En plus de ces douze morts, on recense au moins 120 blessés palestiniens lors de l'incursion de chars et d'hélicoptères de combat israéliens dans la ville de Khan Younès, tôt dans la matinée d'hier. La grande majorité des victimes ont été touchées lorsqu'un hélicoptère a tiré un missile au milieu d'une foule, après un raid de près de quatre heures de l'armée israélienne. Selon le témoignage d'habitants, la population de Khan Younès est sortie dans les rues hier vers 4h30 lorsqu'elle a entendu les chars se retirer, mais deux hélicoptères militaires israéliens restaient au-dessus de la ville, et l'un des deux a tiré un missile. L'hôpital palestinien qui venait d'accueillir les victimes de ce raid a été aussi la cible de tirs israéliens. Plusieurs personnes ont été blessées, ont indiqué des témoins. Ces derniers ont fait état de coups de feu qui ont touché l'établissement hospitalier Nasser, venant de «toutes les directions, à travers les murs et les fenêtres». Ils ont ajouté que ces tirs avaient semé la panique dans l'hôpital, les personnes s'y trouvant essayant de se mettre à l'abri. Le gouverneur de Khan Younès, Hosni Zourab a dénoncé avec force cette attaque israélienne, «le dernier de la série de massacres et agressions commis contre notre peuple par l'occupant israélien». Par ailleurs, la tension restait vive en Cisjordanie, où sept palestinien ont été arrêtés par l'armée israélienne dans la nuit de dimanche à lundi. Sur le terrain politique, le président de l'autorité palestinienne Yasser Arafat a obtenu dimanche un délai d'un mois pour former un nouveau gouvernement, chargé d'entamer des réformes politiques et structurelles. Lors d'une session spéciale à Ramallah consacrée à la question de Jérusalem et aux réformes, le Conseil législatif palestinien a accepté d'accorder un mois à M. Arafat pour présenter un nouveau gouvernement, et a adopté une loi proclamant Jérusalem capitale du futur Etat palestinien. Cette loi, signée la veille par Arafat, répond à la récente décision du Congrès américain de considérer Jérusalem comme capitale d'Israël, ce qui a provoqué un tollé dans le monde arabo-musulman. Dans un tel contexte, la tournée entamée dimanche par Solana, envoyé spécial du Conseil de l'Union européenne s'annonce difficile. D'entrée de jeu, le ministre israélien de la Défense, Binyamin Ben Eliezer, a appelé les Européens à boycotter le président Arafat, que M. Solana devait rencontrer hier à Ramallah, avant de s'entretenir avec le premier ministre israélien Ariel Sharon. Ce dernier a reçu du président américain George Bush une invitation à se rendre aux Etats-Unis le 16 octobre, qui ressemble à une convocation pour s'assurer qu'il gardera un profil bas, notamment sur le conflit israélo-palestinien, pour ne pas gêner les préparatifs américains pour une attaque contre l'Irak. L'objectif de l'administration américaine est de neutraliser les critiques des pays arabes à l'égard de cette frappe, et ne pas rendre leur position encore plus compliquée face à leur opinion publique. Selon un responsable israélien, cité par le quotidien Yediot Aharonot, «les Américains veulent simplement que nous nous taisions. Rien de ce que nous dirions ne les aidera». Tranchant avec des mois de communion de vue entre Washington et Israël, les Etats-Unis ont donné un avant-goût de leur fermeté à l'égard d'Ariel Sharon au sujet de la crise de la Moukataâ. De son côté, la France a déploré hier l'agression israélienne à Khan Younès et exprimé sa «préoccupation», a déclaré le porte-parole du ministère français des affaires étrangères». «La France déplore la poursuite des opérations de l'armée israélienne à Khan Younès, qui ont causé plusieurs morts et blessés, et comporté des tirs contre un hôpital, a dit M. Rivasseau lors d'un point de presse. «Le signal négatif que ces opérations adressent aux Palestiniens suscite notre préoccupation». Un des principaux conseiller du président Arafat, Nabil Abou Roudeina, a appelé hier les Nations Unies à envoyer une force de protection internationale dans les territoires palestiniens.