L'augmentation des prix de pain n'a pas réveillé les Associations de défense des consommateurs. Pendant ce temps, les boulangers interprètent cette passivité comme un soutien. Azaz Lahoussine, président du Syndicat national des patrons boulangers unifiés, est catégorique : «l'augmentation du prix de la baguette de pain de 10 cm, appliquée le 14 octobre dernier par notre syndicat, a été bien reçue par les consommateurs qui comprennent notre situation. Il n'y a pas eu de voix hostiles». S'agit-il donc d'un soutien de la part du consommateur ou la preuve que les associations de consommateurs quand elles existent se complaisent dans des activités symboliques ? Le président de cette jeune association vieille de seulement une année penche pour la première hypothèse : « tout Marocain peut facilement comprendre notre situation ! ». Mais comprendre n'est pas soutenir… La profession des boulangers s'en tient à l'argument de base selon lequel tous les prix des intrants entrant dans la fabrication du pain ont augmenté, parfois brutalement. Les coûts désormais élevés de la farine, de la levure, de l'électricité et du gas-oil asphyxient l'activité. «Il nous fallait réagir. Remarquez que, depuis 1989, les prix homologués n'ont pas bougé. On ne peut, d'un côté, lâcher la bride et laisser les coûts augmenter en flêche et de l'autre, les gèler», s'insurge-t-il. Et d'ajouter : «Pour le moment, nous acceptons le principe de surseoir aux augmentations en question, mais seulement jusqu'à la fin du mois de Ramadan. Passé le mois sacré, nous reviendrons à notre décision qui est très justifiée. C'est la seule voie de survie pour notre industrie. Nous avons discuté mardi dernier avec le ministère des Affaires économiques ». En tout cas, quelles soient les raisons qui ont poussé les boulangers à dénoncer des dispositions vieilles de 14 ans, cette hausse de 10cm du prix de pain ne manquera pas d'avoir des répercussions sur la bourse de la ménagère. Mais ce qui, ailleurs, aurait occasionné des levées de bouclier de la part des consommateurs, est suivi au Maroc avec une certaine passivité. Les spéculateurs qui feront fi de la circulaire de la primature, n'auront devant eux que les nombreuses DES (divisions économiques et sociales) qui à l'intérieur de chaque préfecture, essayent de suivre les cours des denrées de première nécessité. Chaque préfecture de Casablanca dispose de son propre service, la coordination étant faite depuis Rabat. Mais pas à la Division de la Qualité et de la Normalisation, organe du ministère du Commerce qui n'a, apparemment, pas pour mission première le contrôle des prix surtout lorsqu'il s'il s'agit des produits alimentaires. Quant au rôle du Service de la Répression des Fraudes qui existe dans toutes les villes, il se borne à contrôler la qualité avec l'aide des laboratoires. Harcelé sous d'autres cieux par les nombreuses ligues des consommateurs, au Maroc, cet organe travaille en toute tranquillité. Les Associations de consommateurs étant invisibles.