Entretien avec Abdelali Berrada, président du Salon Logismed ALM : Quelles sont les nouveautés du Salon dans son édition 2016 ? Abdelali Berrada : Les nouveautés sont de coutume au Logismed et cette 5ème édition n'est pas en reste. A ce titre, parmi les principales nouveautés, je citerais d'abord le thème central retenu cette année pour le salon «L'excellence logistique, une ambition à la portée de la PME-PMI». Il s'agit d'une thématique qui accorde une place particulière à la PME-PMI (représentant 95% du tissu économique marocain) qui constitue un grand potentiel de développement pour les professionnels du secteur. Ainsi, Logismed 2016 a pour objectif de répondre aux attentes logistiques des PME et de leur faire découvrir les solutions et les outils capables de développer leurs parts de marché et d'améliorer leur rentabilité. La seconde nouveauté est la segmentation des 3 jours du salon en 3 journées thématiques, bien entendu orientées vers la PME-PMI: Journée de la logistique internationale, Journée de la PME et la Journée des logisticiens. Aussi, pour cette édition l'offre des exposants est encore plus riche et diversifiée. Elle présente les activités et les multiples métiers de la chaîne logistique ainsi que des nouveautés technologiques pour la compétitivité du transport routier, l'immobilier logistique, les systèmes d'information, les équipements de manutention, de stockage et de déplacement des marchandises et autres. De même cette année la forte participation aussi bien d'exposants que de visiteurs et de délégations étrangères (Espagne, France, Italie, Pologne, Afrique,...), témoigne de l'attractivité du Maroc et conforte la dimension internationale du salon. Enfin, l'événement phare sera sans aucun doute l'organisation par l'Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL) de la 1ère édition des trophées marocains de la logistique «Moroccan Logistics Awards 2016» pour récompenser le meilleur projet logistique et le professionnel de l'année. Selon vous, de quelle façon la logistique peut-elle tirer la croissance du pays ? Je dirais que deux éléments peuvent y contribuer. D'abord, à travers des zones logistiques performantes qui peuvent constituer un argument important pour attirer des investisseurs, aussi bien nationaux qu'internationaux, et particulièrement dans des secteurs à forte valeur ajoutée (automobile, aéronautique…) pour lesquels l'optimisation des coûts logistiques constitue un facteur clé de succès. Le second volet concerne notre économie traditionnelle où l'optimisation de la chaîne logistique, depuis l'approvisionnement jusqu'à la livraison du produit final, peut devenir un levier pour la réduction des coûts, la réalisation des gains de productivité et d'efficacité et, partant, améliorer la performance économique. Les infrastructures se multiplient au Maroc (Tanger Med, un réseau de ports conséquent, des aéroports aux standards internationaux et des plates-formes logistiques qui fleurissent un peu partout). Est-ce suffisant pour booster la compétitivité du pays, notamment en matière de logistique ? Le développement de la logistique est un tout et les infrastructures sont certes indispensables, mais pas suffisantes. Il faut l'accompagner nécessairement par un certain nombre d'actions telles que les processus de fluidité des supply chains, surtout au niveau des zones transfrontalières pour la logistique import/export, le développement de l'offre de services des prestataires logistiques, le travail important sur la demande au niveau des chargeurs pour intégrer la fonction logistique, la mise en place d'un cadre réglementaire et normatif adéquat du secteur, l'amélioration de la qualité de la formation et autres. Toutes ces actions sont, aujourd'hui, les projets et chantiers lancés par l'AMDL et qui s'inscrivent dans la stratégie nationale logistique. Quel est votre avis de professionnel sur la réalisation des objectifs de la Stratégie nationale de développement de la compétitivité logistique? Il faut reconnaître que la mise en œuvre de la Stratégie nationale de développement de la compétitivité logistique est un travail continu et de longue haleine, d'autant plus que cette stratégie se projette à l'horizon 2030. Ceci dit, je considère personnellement qu'il y a une réelle dynamique sur tous les volets de la Stratégie logistique, qui est très perceptible à travers plusieurs indicateurs, et ce par exemple de 2010 à 2014 : l'évolution satisfaisante du marché des services de la logistique qui est passé de 17 milliards de dirhams à 21 milliards de dirhams (+22,3%), doublement du nombre net de création d'entreprises de logistique et de transport routier de marchandises, des investissements (+29%), triplement de l'offre de formation aux métiers de la logistique et autres. Il y a lieu de signaler également l'installation d'opérateurs internationaux qui ont choisi le Maroc pour mettre en place leur hub logistique, tels que Decathlon, Adidas, Bosh ou 3M. Certes, nous ne sommes qu'au début de cette belle aventure logistique et il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, mais nous pouvons nous réjouir du fait qu'aujourd'hui, le Maroc est en phase de devenir un réel hub logistique. Non seulement pour les flux de marchandises mais aussi une plateforme de rencontres et de partenariat internationale, particulièrement avec les pays africains avec l'organisation du premier Congrès africain des transports et de la logistique, du Congrès africain sur l'entretien, la sauvegarde du patrimoine routier et l'innovation technique et d'autres suivront. Quelles sont les perspectives de croissance au Maroc dans le domaine de la logistique? Au vu de l'évolution du taux de croissance annuel du marché de la logistique qui progresse depuis les 5 dernières années d'environ 5,2% par an, nous pouvons dire que les perspectives sont bonnes. Ce qui corrobore cela, c'est par exemple le gisement important d'amélioration du niveau d'externalisation des activités de stockage qui se situe aujourd'hui à 14% avec un chiffre d'affaires de 430 millions de dirhams et qui pourrait atteindre un taux de 40% à l'horizon de 10 ans avec un chiffre d'affaires de 1,7 milliard DH pour passer à 70% à l'horizon de 20 ans, soit un chiffre d'affaires de 4,6 milliards de dirhams.