Des soldats français sont arrivés lundi dans la capitale Yamoussoukro, située à 100 km au sud de Bouaké et toujours contrôlée par les rebelles que l'armée loyaliste n'arrive pas à mater. Yamoussoukro et son aéroport sont depuis lundi contrôlés par un contingent français venu renforcer dimanche la présence militaire hexagonale en Côte d'Ivoire. Officiellement envoyées par Paris pour protéger ses ressortissants, ces centaines de soldats semblaient ce lundi plutôt intervenir directement pour aider les forces gouvernementales ivoiriennes. Prise lors de la tentative de coup d'Etat jeudi dernier, la seconde ville du pays, Bouaké -où se trouvent environ 600 ressortissants français et 300 Américains -, est en effet toujours aux mains des mutins, dont on ignore encore les motivations comme les objectifs précis. Après avoir réussi une opération coordonnée à l'échelle nationale, les rebelles sont aujourd'hui concentrés dans le nord, près de la frontière burkinabée, et tiennent toujours la ville de Korhogo. Ce lundi, les soldats français déployés à Yamoussoukro et appuyés par quarante véhicules militaires attendaient encore leur «feuille de route» tandis que, sur demande de plusieurs chancelleries étrangères, les autorités ivoiriennes cherchaient à négocier avec les mutins. Les insurgés avaient d'ailleurs appelé dimanche à des pourparlers avec le gouvernement afin d'éviter que la crise politique la plus grave depuis l'indépendance du pays, en 1960, ne dégénère en bain de sang. Paris a pour sa part bien spécifié qu'il ne s'agissait en aucun cas de se mêler de la crise en cours, présentée comme « ivoiro-ivoirienne à 100 %». La France n'avait pourtant pas dépêché de troupes lors de la précédente crise en Côte d'Ivoire, le coup d'Etat de Robert Gueï, qui avait renversé le 24 décembre 1999 le président Bédié et placé le général au pouvoir pendant une dizaine de mois. Les dissidents disent aujourd'hui protester contre leur prochaine démobilisation, mais le gouvernement les accuse de vouloir réitérer leur coup de force de 1999.