Houriya Cherif Haouat Ayouche, la tête de liste du parti de la Gauche socialiste unifiée (GSU) aux élections législatives du 27 septembre, n'a pas la langue dans sa poche, surtout lorsqu'il s'agit de la question de la femme. Houriya Haouat Cherif Ayouche a la militance dans le sang. Et de l'énergie à revendre. Déjà à la faculté de droit de Rabat, elle était un membre actif de l'Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM). Membre du Conseil national et du bureau de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme (OMDH), elle a également connu les péripéties du mouvement 23 Mars… Ce sera ensuite l'Organisation de l'action démocratique et populaire (OADP), qui allait ensuite donner tout récemment au parti de la Gauche socialiste unifiée.Son sang ne fait qu'un tour lorsque vous lui dites que l'introduction du concept de liste nationale aux élections législatives est une bonne chose. La tête de liste nationale de la GSU affirme tout de go : «Il s'agit d'un leurre pour garantir une soi-disant représentativité féminine au niveau parlementaire. Et cela dénote de l'esprit machiste des partis», ajoute cette fervente partisane du Plan d'intégration de la femme au développement. Mariée à Mouhcine Ayouche, membre du bureau politique de la GSU, ce petit bout de femme de 46 ans, mère de deux enfants de 22 et 16 ans, va plus loin en qualifiant carrément de «mesurette» cette idée de liste nationale. «Une mesurette parmi tant d'autres par lesquelles on veut contenter les uns et les autres,» poursuit-elle, en concédant que «c'est vrai, il y aura trente femmes à la Chambre des représentants et, bien sûr, c'est mieux que deux seulement». Mais elle ajoute que «le véritable problème, en ce qui concerne la question de la femme, est un problème de vision», et que l'on ne «s'intéresse pas au long terme». Elle propose qu'on oblige les partis politiques à réserver 30% de leurs candidatures aux femmes, à faire plus d'ouverture et préparer le terrain pour qu'il y ait plus de candidatures féminines au niveau local. Ce sera difficile au début, mais il faut préparer le terrain et que les choses se fassent de manière travaillée, pédagogique. Par ailleurs, s'interroge-t-elle, comment voulez-vous faire face à toutes les difficultés inhérentes à une campagne nationale ? Nous n'avons ni la logistique, ni les moyens humains de le faire. De tenir des meetings régionaux. De plus, on doit régler tout dans le moindre détail, répondre aux sollicitations, et soutenir les candidats têtes de liste locales de la GSU. On ne vote pas encore pour des programmes au Maroc, mais pour des personnes. Ce qui fait qu'au niveau national, le rayonnement ne peut se faire». «Les citoyens-électeurs ne vous connaissent pas, alors comment voulez-vous qu'ils votent pour vous ?», s'insurge-t-elle, égratignant au passage le mode de scrutin. Car comme elle le dit, elle craint une multiplication des bulletins nuls, parce que, dit-elle «forcément, avec l'introduction de deux nouveautés -le bulletin unique et la liste nationale- les gens, qui n'ont pas eu matériellement le temps pour se familiariser avec ces nouveaux concepts, ont beaucoup plus de chances de se tromper. Et c'est toujours la femme qui en pâtit, souligne cette membre-fondateur de l'Union de l'action féminine, du journal «8 mars» et de l'Association INSAF de soutien aux femmes en situation difficile.