Secrétaire d'Etat puis ministre de l'Intérieur, trois décennies durant, Driss Basri a du mal à se taire. Son exil doré parisien devient de jour en jour une séance d'interviews. L'ancien ministre de l'Intérieur ne veut pas se faire oublier. Entre deux interviews accordées à la presse écrite, l'homme, dit-on dans son entourage, passe une bonne partie de sa journée a fouiner dans les journaux marocains à la recherche d'un article où l'on parle de lui. Des bruits courent régulièrement sur le personnage. Est-il en train de mettre un dernier trait à ses mémoires? Une chose est sûre, la retraite de Basri est laborieuse. Au début de son «exil doré» à Paris, les confrères français et espagnols faisaient antichambre, attendant sagement d'être reçus. Mais à la longue, la boulimie des déclarations, la soif de s'exprimer a eu raison de la curiosité journalistique. Résultat : Basri est de moins en moins courtisé par les plateaux de TV. Ses fréquentes déclarations qui auraient fait la Une d'El Mundo ou de ABC il y a une année, reposent aujourd'hui tranquillement dans les pages intérieures. Sans passeport, et après avoir tenté vainement de se faire naturaliser en France, sa valeur ne cesse d'en prendre des coups dans la presse. Inimaginable pour celui qui pendant près de trente ans fut incontournable au Maroc. Pour ne pas se faire enterrer par la presse, Basri n'hésite pas à verser dans la sensation. Qui aurait du temps de la toute puissance de son ministère osé prononcer «Sahara occidental» devant lui, comme il l'a fait sans état d'âme dans une intervention sur la chaîne Al Jazeera? Un lapsus dû à la pression du direct. Que nenni. La dernière sortie de Basri a levé le doute sur sa nouvelle vision quant à l'évolution de ce problème. Des déclarations fracassantes qui marquent nécessairement une rupture entre l'ancien ministre de l'Intérieur, très engagé dans le dossier du Sahara marocain et ce retraité qui s'assume mal, sans papier de luxe obligé de se dédire pour ne pas se faire oublier.