Les Marocains furent choqués en entendant Driss Basri parler du “ Sahara occidental“ lors de son intervention téléphonique à l'occasion de l'émission “ À contre-courant“ sur Al Jazeera du mardi 19 octobre consacrée au dossier du Sahara. Les Marocains furent choqués en entendant Driss Basri parler du “ Sahara occidental“ lors de son intervention téléphonique à l'occasion de l'émission “ À contre-courant“ sur Al Jazeera du mardi 19 octobre consacrée au dossier du Sahara. Pour un ex-ministre de l'Intérieur qui eut la haute main sur la cause sacrée du Royaume pendant plus d'un quart de siècle, qui en connaît les tenants et aboutissants, les petits et grands détails, cela est effectivement choquant. S'exprimer aujourd'hui au sujet d'une affaire qu'il a gérée lui-même directement avec des méthodes bonnes ou mauvaises en adoptant un ton pour le moins détaché comme s'il parlait d'un thème qui le concerne peu ou pas du tout a, en effet, quelque chose de révoltant. Dire ou écrire “Sahara occidental“ à l'époque de sa toute-puissance aurait valu à son auteur les foudres d'une administration à la fois tentaculaire et omnipotente. Voilà que Driss Basri, ce commis de l'État, réputé fidèle entre les fidèles de la Monarchie marocaine, se permet en direct de ne pas oser ne serait-ce qu'une petite défense de l'intégrité territoriale du pays qui lui a tant donné, auquel il doit tout : ce qu'il est. M. Basri a-t-il réfréné sciemment sur Al Jazeera la fibre qui anime tout Marocain dès qu'il s'agit de ses territoires du Sud ? L'intéressé aurait-il peur d'être taxé de “Makhzénien“ au point d'afficher sa différence sur un problème où le consensus du peuple marocain ne s'est jamais démenti et pour lequel des centaines de soldats ont sacrifié leur vie ? On a du mal à croire que Driss Basri jouait la comédie à l'époque où il était en fonction et que tout ce qu'il entreprenait, ses tournées au Sahara et ses discours devant les populations locales, etc, relevait juste de l'incantation. Sans plus. Le fait qu'un ministre quitte les allées du pouvoir ou qu'il vive très mal cette situation l'autorise-t-il pour autant à mettre au rebut ses convictions patriotiques ? Après avoir géré les affaires du pays par le silence (pas d'interviews, juste des phrases sommaires lancées à la hussarde sur un ton propre à lui au sortir d'une réunion), Driss Basri a retrouvé, une fois chassé du temple du pouvoir, l'usage de la parole, multipliant les sorties médiatiques à l'étranger. Une fringale de communication subite où l'on reconnaît de moins en moins le Basri des années du commandement. Sûr de lui, magistral qu'on créditait à tort ou à travers de qualités exceptionnelles et que tout le monde redoutait. En fait, avec le recul, il apparaît que Driss Basri puisait sa force et son intelligence du halo du pouvoir du temps de Feu S.M Hassan II. Alors, à quoi joue Driss Basri depuis son exil doré en Europe ? Que cherche-t-il à prouver en tentant de brûler aujourd'hui ce qu'il a adoré hier ? Pourquoi s'évertue-t-il à jouer aux opposants alors que rien ne l'en qualifie ni dans sa carrière ni dans ses états de service ? À trop chercher à brouiller l'image du Maroc nouveau par des attitudes qui sentent le dépit et la hargne, l'ex-ministre d'État à l'Intérieur s'est mis en porte-à-faux de sa propre image et partant raté beaucoup d'occasions d'avoir une autre vie qui sied à un personnage de sa trempe.