Les experts en navigation maritime doutent du sérieux de l'ANAPEC au sujet des trente mille emplois : «C'est un mensonge sans précédent dans les annales de la marine internationale.» Les trente mille candidats à l'emploi dans des bateaux de croisière ne sont pas au bout de leur peine. Après les interminables séries de tests médicaux, dits de contre-visite, auxquels seules cinq mille personnes ont été convoquées, nos malheureux candidats cogitent encore sur la date, le lieu et le contenu des formations qu'ils devront subir. Pour étayer cette question cruciale, ALM a recueilli l'avis d'un expert marocain en navigation maritime qui a à son actif plusieurs fois le tour du monde avec des sociétés de transport maritime de renommée internationale. Au sujet des prétendus trente mille emplois, Monsieur K..L est catégorique : « C'est un mensonge sans précédent dans les annales de la marine internationale. De mémoire d'officier de la marine marchande, jamais un nombre aussi faramineux n'a pu être commandé par ceux qu'on appelle dans le jargon marin les vendeurs d'hommes.» Avant de mettre pied à bord d'un navire, tout homme de mer, qu'il soit officier ou simple matelot, doit justifier d'une série de formations adéquates selon la réglementation internationale en vigueur dans le secteur du transport maritime, explique monsieur K.L. A l'issue de ces formations, un certificat conforme aux programmes pertinents de l'Organisation Maritime Internationale (OMI) est délivré aux intéressés qui doivent le présenter lors de tout contrôle à bord. Régi par la convention STCW ( Standards of Training, Certification and Watchkeeping),amendé par le Maroc en 1995, ce certificat ne peut être délivré que par un établissement public spécialisée dans la formation aux métiers de la mer. Or, à quelques jours du début du mois de Septembre, les responsables de l'ANAPEC n'ont formulé aucune demande dans ce sens au seul organisme habilité au Maroc pour délivrer ces certificats, en l'occurrence l'Institut Supérieur des Etudes Maritimes (ISEM) à Casablanca. Pire encore. Quand nous savons que ce fleuron de la formation maritime dans notre pays n'a délivré que 1200 certificats en deux ans, on se demande par quel tour de magie il va en délivrer trente mille. La durée d'un stage ne pouvant être inférieure à deux semaines, nos candidats seront fin prêts pour naviguer en 2007 ! La réglementation internationale étant intraitable au sujet de la qualification des marins en termes de sécurité et de sauvegarde des vies humaines,nous ne savons pas encore où l'ANAPEC irait dénicher ce précieux document. A moins que son fantôme de partenaire, «Al Najat Marine Shipping»,n'ait sa petite idée là-dessus. Notre expert en navigation maritime n'a pas douté un seul instant des intentions malsaines de cette société et regrette que des profanes aient été chargés de ce dossier sans qu'on fasse appel à l'expertise des vrais hommes de la mer. Pourquoi? Comment un pays de marins aguerris a été tourné en dérision par des apprentis escrocs ? L'ANAPEC nous le dira peut-être un jour ! • Youssef Simo