Hassan, 42 ans, a épousé cinq femmes. Cet énergumène a passé plus de dix ans en France, en Italie et en Libye, avant de retourner à la mère-patrie. Une fois au Maroc, il a commencé à draguer à mort. Il devait récupérer les 8 mille dirhams qu'il avait prêtés à son gendre Hassan. Certes, sa nièce, H, épouse de ce dernier, lui a demandé de patienter quelques jours, parce que son époux, lui a-t-elle expliqué, ne dispose pas actuellement de liquidité. «J'ai des problèmes financiers que je dois résoudre le plus tôt possible. Je ne peux attendre plus longtemps », a-t-il répondu à Hassan avant de l'inviter à un café pour le lendemain. Effectivement, leur rencontre eut lieu, mais sans que Hassan lui ramène la somme réclamée, se contentant de le supplier de patienter encore deux semaines. En se quittant, Hassan s'est dirigé vers sa Peugeot 206, alors que son gendre le suivait du regard. Ce dernier fut surpris par le numéro d'immatriculation de la voiture. Il n'est plus ce qu'il était. Il se rappelle qu'elle était immatriculée au Maroc, alors que la plaque qu'elle porte actuellement est d'origine étrangère. «C'est inconcevable. Ce n'est pas normal», pensa-t-il. Ce changement de la plaque minéralogique lui a mis aussitôt la puce à l'oreille. Il a téléphoné à sa nièce pour lui demander conseil. «Je ne suis pas au courant», lui a-t-elle répondu. Un tas de questions lui passaient par l'esprit. «Qui est ce Hassan ?» s'est-il interrogé. Il se rend au commissariat de police. «Il pourrait être un escro», a-t-il pensé. Il s'est présenté devant un policier pour lui raconter l'histoire de Hassan et le changement de numéro d'immatriculation de sa voiture. Se fiant à son instinct le policier note son nom et prénom afin de les pointer dans les fiches des repris de justice et des personnes en fuite. Quelle surprise ! Hassan est effectivement recherché à l'échelle nationale, depuis le 16 juin dernier, par la brigade chargée de l'émigration clandestine près la PJ de Casablanca-Anfa, pour escroquerie et abus de confiance. Les enquêteurs se rendent à la maison de Hassan. Il n'est pas là. Sa femme leur demande des explications. «Tu es sa cinquième épouse», lui répond le chef de la brigade. Elle perd conscience. Elle n'a jamais pensé être mariée à un polygame. Elle a expliqué aux enquêteurs qu'il l'a croisée dans un café. Il lui a expliqué qu'il vivait en France et qu'il veut se marier avec une «Bent Lablade». Son rêve de l'Eldorado se réalise, pensa-t-elle. Hassan lui promet monts et merveilles après le mariage et un voyage en France. Les fiançailles et la nuit de noces ont suivi cette première rencontre. Depuis, il n'a cessé de demander à ses beaux-parents des prêts en leur promettant de les aider à émigrer en Europe. Hassan est arrêté. Il a avoué avoir passé plus d'une dizaine d'années entre France, Italie et Libye. Après quoi, il est retourné à son pays natal, après avoir répudié sa première femme la laissant en France avec leurs enfants. Au Maroc, il a commencé à promettre monts et merveilles pour mettre dans ses filets les rêveurs de l'Eldorado. Un comportement qui lui a coûté, en 1998, deux ans de prison ferme, à Tanger. C'est à la prison de la ville du Détroit qu'il a rencontré une autre personne, actuellement en état de fuite. Ils ont convenus de recommencer l'arnaque une fois libérés. Relâchés, ils sont passés à l'action en abusant des personnes naïves. Ils leur expliquaient qu'ils vont les aider à émigrer en Europe, en leur promettant des visas contre 20 mille dirhams. En même temps, ils séduisaient des jeunes filles qui rêvaient d'aller en Europe. Hassan a ainsi épousé une première à Rabat, une deuxième à Tétouan, une troisième à Mohammedia, une quatrième et une cinquième à Casablanca.