Convaincu que sa femme l'ensorcelait en ayant recours à des charlatans, Ali a fini par la tuer, avant de se donner la mort par pendaison. Ali vient de sortir de chez lui, dans la périphérie de Kelaât Sraghna, pour conduire son troupeau vers les pâturages. Il n'aurait jamais pu imaginer que sa journée commencerait par une découverte macabre. Quelques dizaines de mètres plus loin de chez lui, il a remarqué un corps pendu à un olivier. Intrigué, il s'est avancé de quelques mètres. C'est bel et bien le corps d'un jeune homme qui s'est suicidé par pendaison. Qui est-il ? Pourquoi s'est-il donné la mort ? S'agit-il d'un malheureux désespéré? Perturbé et sans trop savoir quoi penser, Ali a abandonné son troupeau pour aller trouver l'agent d'autorité, le Moqadem, qui habite près de chez lui. Il lui a annoncé la nouvelle. Ce dernier n'a pas perdu une minute pour aller alerter les gendarmes de Kelaât Sraghna, qui se sont dépêchés sur les lieux quelques minutes plus tard. De qui s'agit-il ? Est-il l'un des habitants du douar ? “Oui “, ont répondu quelques badauds qui ont également vu le cadavre. Ils le connaissent. Il s'appelle Abdelfettah, âgé de trente-trois ans, père de deux enfants, âgés respectivement de cinq et sept ans. Il demeure à quelque cinq cents mètres du lieu de son suicide. En effectuant les premiers éléments du constat d'usage, les éléments de la Gendarmerie royale ont remarqué l'absence des membres de sa famille. N'a-t-il pas de famille? Les voisins ont répondu affirmativement aux enquêteurs dont l'un s'est dirigé vers la demeure d'Abdelfettah. Il a frappé à la porte. Personne n'a répondu. Ce n'est que quelques minutes plus tard qu'une petite fille pleurant à chaudes larmes a ouvert la porte pour lui dire que sa mère a été tuée. Qui l'a tuée ? Les enquêteurs ont rejoint leur collègue pour pénétrer à l'intérieur de la maison. Dans la chambre à coucher, ils ont découvert le corps sans vie d'une jeune femme, étendu par terre, portant plusieurs coups d'un objet tranchant. Les enquêteurs ont remarqué qu'elle avait reçu quatre coups de couteau: un premier au niveau du cœur, un deuxième au niveau du cou, un troisième au niveau de la main gauche puis un quatrième au niveau du thorax. Le chef de la brigade chargée de l'enquête est retourné vers la petite fille qui leur a ouvert la porte pour l'interroger sur ce qui s'est passé. “C'est mon beau père Abdelfettah qui l'a égorgée avant de partir“, a répondu Bouchra qui pleure devant ses demi-sœurs. Bouchra a précisé aux enquêteurs qu'elle était encore dans son lit quand elle a entendu sa mère qui suppliait son beau-père de la laisser tranquille, de ne pas lui faire de mal, de penser à leurs enfants avant de commettre un acte regrettable. Un certain temps après, elle a entendu un cri strident avant de voir son beau-père quitter la chambre, une corde à la main sans savoir sa destination. En entrant, elle a découvert sa mère morte. Elle n'a pas osé sortir avec ses deux demi-sœurs pour aviser les voisins. Elles sont restées à la maison sans savoir ce qu'elles attendaient. Mais pourquoi l'a-t-il tuée ? L'enquête des éléments de la Gendarmerie royale de Kelaât Sraghna a abouti à la conclusion que Abdelfettah et sa femme Fatima ne s'entendaient plus depuis quelques mois. Mais personne ne concevait que cette relation conjugale finirait en drame. Selon les témoignages recueillis par les enquêteurs, Abdelfettah soupçonnait sa femme de l'ensorceler depuis belle lurette en recourant à des charlatans. Il disait qu'il était devenu dépendant d'elle au point qu'il était mal dans sa peau à cause de sa faible personnalité. Sans se soucier des deux enfants, il a décidé de la liquider et de se donner la mort.