Fiscalité, reconnaissance des diplômes, mécanismes d'incitations…Abdelali Benamour passe en revue les principaux problèmes du secteur de l'Enseignement supérieur privé. ALM : Le fiscal reste au premier rang des revendications de l'enseignement privé Abdelali Benamour : Dans le cas des prévisions de la COSEF, il est stipulé que l'on parvienne à former 20% des effectifs du pays d'ici 2010. pour atteindre cet objectif, un certain nombre de mesures nous semble s'imposer. D'abord, au niveau de la demande, nous voulons la défiscalisation de l'IGR des parents qui envoient leurs enfants au privé et la mise en place d'un système de crédit étude. Pour ce qui est de l'offre, nous demandons la défiscalisation de l'investissement. Si une école qui réalise des bénéfices consacre une partie de cette manne à investir dans l'agrandissement ou le matériel, elle ne doit pas être fiscalisée à ce niveau. Il y a aussi le problème de l'IS qui ne tient pas en compte de la spécificité du secteur. Une école du Supérieur qui démarre à sa première année n'a qu'une classe. Il lui faudrait quatre ans pour atteindre son rythme de croisière. L'IS ne prend pas en compte cette réalité. On devrait donc, au niveau de l'imposition, tenir compte du caractère spécifique de notre secteur. On a plutôt l'impression que beaucoup de professionnels du privé souhaitent la défiscalisation totale du secteur ? Je ne peux pas parler pour tout le monde. Mais en temps que membre de la Conférence des Grandes Ecoles, nous sommes pour la fiscalité, pourvu qu'elle tienne compte de notre caractère spécifique. Nous refusons les extrêmes. Entre ceux qui veulent une défiscalisation pure et simple et ceux qui sont pour le maintien de la fiscalité actuelle, nous proposons la solution médiane, à savoir une fiscalité qui prend en compte les réalités du terrain.. Où en êtes-vous sur les négociations avec le gouvernement ? Lors d'une récente réunion avec le premier ministre, il y a moins d'une semaine, nous avons constaté une évolution. Les vues se sont rapprochées. Ceux, parmi nous, qui voulaient une défiscalisation totale nous ont rejoint. La primature suit de près ce dossier. Nous sommes persuadés que les choses vont s'améliorer. Le Premier ministre a convaincu les uns et les autres. En temps que membre de la Conférence des Grandes Ecoles, j'estime que c'est une bonne chose. Espérez-vous donc quelques modifications dans la loi de Finances en cours ? On en a discuté avec le Premier ministre. Concernant la loi de Finances en cours d'élaboration, c'est un peu serré mais le Premier ministre nous a promis qu'il allait revoir notre situation dans un avenir très prochain. Et le problème pédagogique, la non reconnaissance des diplômes? Comme vous le savez, les écoles sont reconnues mais pas les diplômes. La charte de la COSEF prévoit un texte d'application, laquelle est déjà sortie. Il reste le décret. Ce problème a été aussi abordé lors de la réunion avec le Premier ministre. Il sera traité après le dossier de la fiscalité. La situation comptable des écoles supérieures est-elle viable actuellement ? La situation générale des écoles supérieures est à la stagnation depuis six à sept ans. Le scénario est le même : les riches vont à l'étranger à l'exception des filles pour des considérations sociologiques. Les pauvres n'ont pas les moyens. Reste la classe moyenne. Celle-ci n'est pas large au Maroc. Au début, elle s'est ruée en masse vers l'enseignement privé. Le palier est atteint il y a six ou sept ans. Bref, la situation des écoles est difficile pour tout le monde. Elle le sera encore si on n'encourage pas la demande, par des crédits études et des mesures comme la défiscalisation de l'IGR des parents d'élèves… Et les bourses d'études ? Nous n'osons pas demander des bourses d'études. Pourtant, par simple calcul, on remarque que le coût d'un étudiant au public, dans la filière ingénieur, est de 150 000 à 200. 000 dirhams par an. Les autres formations comme la Gestion sont à 50 à 60 000 dirhams par an. Cela, alors que la plupart des écoles privées n'excédent pas la moyenne de 46 000 dirhams (coûts et marge compris). C'est donc une question d'économie qui se pose. En accordant des bourses d'études, par exemple 5 000 par étudiant, l'Etat peut envoyer des jeunes dans le privé et réaliser de substantielles économies. Nous demandons au pouvoir public de faire un calcul économique. Et la réforme du bac n'est pas pour simplifier les choses ? C'est vrai qu'avec cette réforme, il y aura moins de candidats qui vont venir frapper à notre porte. Néanmoins, nous la soutenons.