Israël, qui a lancé dans la nuit de samedi à dimanche, un raid aérien en Syrie tentait de minimiser hier l'impact de cette attaque affirmant ne pas chercher un conflit militaire avec Damas. «Cette attaque constitue avant tout un avertissement adressé à la Syrie, mais Israël ne souhaite pas l'escalade militaire. L'attaque aérienne n'a d'ailleurs pas visé des soldats ou des positions syriennes, mais un camp d'entraînement pour des activistes palestiniens financés et contrôlés d'un point de vue idéologique par l'Iran », indique un responsable militaire israélien. « Nous souhaitons que Damas comprenne ce message et en tire les conclusions », a poursuivi ce militaire en rappelant que la ligne de cessez-le-feu sur le plateau syrien du Golan, annexé par Tel-Aviv en 1967, «constitue la ligne frontière la plus calme » pour Israël, bien qu'aucun traité de paix n'ait été conclu entre les deux pays. Trente ans, presque jour pour jour, après le déclenchement de la guerre d'octobre, cette agression marque un nouveau palier dans les provocations d'Ariel Sharon. C'est la première fois depuis le début de la seconde Intifada, il y a trois ans qu'Israël s'attaque à une base à l'étranger d'un mouvement de libération palestinien. Il s'agit surtout de la première attaque israélienne en territoire syrien depuis au moins deux décennies. Le porte-parole d'Ariel Sharon a affirmé que l'attaque était un avertissement au régime de Damas, affirmant qu'Israël pourrait avoir recours à de nouveaux raids en Syrie. Après la chute du régime de Saddam Hussein, l'Administration américaine avait multiplié les menaces à l'encontre du Président Bachar Al-Assad, le sommant de cesser son soutien à la lutte du peuple palestinien. En vain. Cette attitude américaine a créé un climat dont Israël a su profiter. Ariel Sharon a pensé que l'agression de la Syrie ne provoquerait pas la condamnation de Washington. Et, il avait bien raison au vue des réactions américaines au Conseil de sécurité, saisi par Damas. N'empêche que les développements de la situation au Proche-Orient suscitent une préoccupation croissante. L'agression de la Syrie entraîne l'élargissement dangereux du cadre géographique de la confrontation susceptible d'y engager d'autres pays et de déboucher sur des conséquences plus dramatiques. La Syrie n'a cependant pas adopté un ton ouvertement menaçant suite au raid israélien. Elle a préféré jouer la carte diplomatique et saisir le Conseil de sécurité, qui est présidé par les Etats-Unis. Damas que l'ONU constitue « le cadre adéquat pour faire face à ce développement dangereux, le condamner et empêcher qu'il ne se reproduise, car il menace la sécurité régionale et internationale ». Quelques heures après l'agression, George Bush a téléphoné à Ariel Sharon pour lui présenter ses condoléances, après l'attentat suicide de samedi à Haïfa, Les deux dirigeants sont « convenus d'éviter d'exacerber les tensions dans la région pour le moment». En Palestine, le Premier ministre Ahmed Qoreï a pris hier la tête d'un gouvernement d'urgence nommé par le Président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat qui a également proclamé l'état d'urgence. Ce cabinet va pouvoir gouverner par décrets et permet à ses services de sécurité d'arrêter des membres de groupes armés et de réprimer des organisations comme le Hamas ou le Jihad. Le nouveau gouvernement pourra opérer pendant un mois après quoi il devra demander l'investiture du parlement. Israël n'a pas réagi à la proclamation de ce nouveau cabinet, étant paralysé par la principale fête religieuse juive, le Youm Kippour.