Propulsé en vingt ans dans le club des géants de l'économie mondiale, l'empire du Milieu suscite la perplexité. Les industriels et les commerçants chinois chassent sur le terrain des grandes entreprises, mais aussi des petites structures, partout dans le monde. D'un côté, il représente un énorme marché en devenir qui profitera aux pays industrialisés, mais aussi aux pays émergeants. De l'autre, cet «atelier du monde» génère de graves dégâts sociaux, partout dans le monde. Son mode de développement erratique inquiète. Les peurs suscitées par la Chine grandissent chaque jour, nourries par les progrès spectaculaires du pays le plus peuplé du monde, désormais capable d'envoyer un homme dans l'espace. Depuis le lancement des réformes par Deng Xiaoping en 1979, la Chine a fait une entrée fracassante dans l'économie mondiale. En vingt ans, sa part de la richesse planétaire a été multipliée par cinq et elle s'est hissée l'an dernier au quatrième rang des exportateurs mondiaux. Avec un revenu par habitant qui a triplé en dix ans, elle représente un potentiel énorme: de quoi aiguiser l'appétit des multinationales. L'an dernier, la Chine a attiré 52 milliards de dollars d'investissements étrangers. La progression du pouvoir d'achat en fait aussi un nouveau pôle de consommation. Un potentiel qui n'en suscite pas moins des craintes qu'inspire l'empire du Milieu, futur hôte des Jeux olympiques et de l'Exposition universelle. Si la Chine fait peur, c'est plutôt à cause de son mode de développement. Avec son taux de croissance de 9%, le pays a de quoi faire peur. Après avoir produit jouets, tee-shirts ou soutiens-gorge, voici que les Chinois pénètrent dans la cour des grands. Déboulant sans complexe dans les chasses gardées de Siemens, Alcatel, Alstom, Bouygues et autres. Sautant de l'Inde au Nigeria, de l'Indonésie au Venezuela. Une ligne de métro en Iran, une route en Afghanistan ou un champ pétrolifère au Kazakhstan... les nouveaux mastodontes chinois franchissent leurs frontières. Etre n° 1 mondial, tous les industriels chinois en rêvent. Dans leur ligne de mire, le classement des 500 plus grandes entreprises mondiales réalisé par le magazine américain Fortune. Seulement 11 d'entre eux figuraient dans l'édition 2003. Combien en 2004? Le gouvernement, lui, parie sur une cinquantaine d'ici peu. Avec des prix bradés, une main-d'œuvre abondante et bon marché, une qualité de plus en plus reconnue, des liasses de dollars à dépenser, l'objectif est à portée de la main.