Zakaria Semlali, dont l'élection a été invalidé au mois d'août par le Conseil constitutionnel , prépare sa campagne pour reconquérir son siège parlementaire dans la circonscription Al Jadida-Azemmour. L'ancien chef du groupe parlementaire de l'UC dit être en butte contre des difficultés financières. ALM : Comment avez-vous réagi à la décision du Conseil constitutionnel qui a invalidé votre élection ? Zakaria Semlali : J'ai été surpris. Cela faisait deux ans et trois mois que je siégeais au Parlement, et voilà que l'on me signifiait brutalement que j'étais persona non grata. J'ai cherché à comprendre pourquoi, mais dans l'arrêt du Conseil constitutionnel qui m'a été remis, il n'y a pas de contenu. L'on ne me reproche absolument rien. Aucune infraction au code électoral par Zakaria Semlali n'est mentionnée. Sur quoi repose alors votre invalidation ? Le Conseil constitutionnel explique sa décision par le fait que l'administration s'était trompée dans le décompte des voix dans certains bureaux de vote. Le reproche est fait à l'administration et non pas à moi. Au début, j'ai pensé que c'était un coup bas pour museler l'une des voix les plus vives de l'opposition. J'ai pensé qu'on a cherché à me briser, parce que je critiquais ouvertement l'action du gouvernement. Vous avez changé d'avis ? La question n'est pas là. Ce n'est pas moi qui vais jeter la pierre aux institutions. Et même si sur le plan juridique, cet arrêt est indigne d'une institution pareille, je suis tenu de donner l'exemple aux jeunes. Je m'efforce de me convaincre qu'il n'y a pas eu de coup bas. Je m'efforce de ne pas m'étendre davantage sur le sujet, parce que je suis plein d'amertume. Je m'efforce de rester concentré pour mener convenablement ma campagne. Comment vous préparez-vous à la campagne ? Avec détermination. Plus je reçois de coups, plus j'ai envie de me battre. J'ai été soutenu par des parlementaires du groupe UC-PND et d'autres députés dont certains sont dans la majorité. On m'a promis que le parti allait se mobiliser dans les semaines à venir. Mohamed El Abied se fait soigner actuellement en France. Après son retour, on verra comment optimiser le soutien du parti. Combien coûte une campagne électorale ? Affreusement cher ! Au moins 2 millions de DH. Et on exhorte les jeunes à se présenter aux élections! Avec quel argent ? Avec quelles ressources ? Avec le nouveau mode de scrutin, le candidat a affaire à 130 000 électeurs dans ma circonscription : Al Jadida-Azemmour. Cela donne une idée du nombre de tracts qu'il faut imprimer, du nombre de véhicules dont il faut disposer, des locaux qu'il faut louer. Les dépenses partent dans tous les sens. Pour en donner une idée, il suffit de dire qu'il existe 600 bureaux de vote dans cette circonscription. Dans chacun d'eux est présent un représentant de l'UC à qui il faut acheminer des sandwichs et des boissons. Regrettez-vous la rentrée politique ? Quand je vois le PJD faire cavalier seul, je suis plein d'amertume. L'année dernière, on était présents. Le PJD ne se positionnait pas comme le seul parti de l'opposition. Ses députés n'étaient pas les seuls à critiquer le travail du gouvernement. Ils défendaient un modèle de société et nous plaidions pour le nôtre. Nous faisions une opposition dans le cadre d'un parti libéral qui défend une économie forte et créatrice d'emplois. Aujourd'hui, le PJD est la voix de l'opposition. Et comme le travail du gouvernement mécontente de très nombreuses personnes, elles ne réprouvent pas le PJD sur toute la ligne, quand bien même elles ne partageraient pas ses principes.