Le TAS (Tribunal arbitral du sport) est sur le point de se prononcer sur l'affaire Boulami. Le recordman du monde du 3000 m steeple, suspendu par l'IAAF pour deux ans, pour dopage, clame toujours son innocence. Aujourd'hui Le Maroc : Plusieurs mois après votre suspension par l'IAAF, de nouveaux éléments ont-ils fait leur apparition dans ce dossier ? Brahim Boulami : L'élément le plus important à mes yeux est que désormais, les deux parties en conflit sont la Fédération royale marocaine d'athlétisme (FRMA) et la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF). Il ne s'agit plus d'un athlète, contrôlé positif pour une substance dopante et donc prohibée, dont le cas est discuté au sein de sa fédération nationale. Cette dernière a statué il y a plusieurs mois déjà et sa décision était claire et nette. Pour la FRMA, je ne me suis pas dopé. Mais il se trouve que la fédération internationale ne partage pas cet avis. L'IAAF a décidé de me suspendre pour une durée de deux années. La commission de révision antidopage relevant de l'instance internationale a annoncé que la fédération marocaine avait commis une erreur en m'innocentant et a décidé de se référer au Tribunal arbitral du sport (TAS) comme le stipule l'article 21.7 des règlements de l'IAAF. C'est audit tribunal de décider, laquelle des deux instances a raison. Quelle sera votre stratégie de défense devant ce tribunal ? L'affaire sera discutée ce jeudi et vendredi et le jugement final sera donc prononcé à l'issue des débats. Ma défense se portera sur deux volets. Le premier est en rapport avec les vices de forme qui ont entaché la contre-analyse. Le déroulement de cette dernière laisse beaucoup à désirer et c'est ce que nous allons essayer de montrer devant le tribunal. Je fais allusion notamment à ce qui est arrivé au représentant de la FRMA à Lausanne. Le docteur Abdelhamid Stambouli avait été empêché, lors de cette contre-expertise, d'assister à l'ouverture de l'échantillon B alors que les règlements de l'IAAF autorisent la présence d'un représentant de la fédération nationale concernée. Ma défense se basera également sur le volet purement technique du test de dépistage du taux de l'EPO dans le sang. La différence qui a été enregistrée entre les échantillons A et B n'avait pas lieu d'être. C'est justement la procédure de dépistage que vous avez mise en doute dès le début. En effet, découvrir des traces de l'EPO dans mon sang ne veut absolument pas dire que j'ai consommé cette substance interdite. Un entraînement intensif en altitude peut très bien avoir le même résultat. C'est d'ailleurs sur cette donne que la fédération marocaine s'est basée pour me blanchir. Pour ce qui est de l'IAAF, j'estime qu'elle a pris position dès le début de cette affaire et s'est orientée sur la voie de ma suspension. Mais vous savez, la décision de la commission de révision antidopage de l'IAAF de porter l'affaire devant le tribunal du sport est très révélatrice. Pour moi, c'est une reconnaissance tacite d'irrégularités dans la procédure et méthode de dépistage dont je mets en doute la fiabilité. Comment évaluez-vous vos chances d'être acquitté ? Je suis optimiste quant à l'issue de cette affaire. Je ne pourrais pas dire que je suis à 100 % sûr du verdict du TAS, mais je ne voudrais surtout pas sombrer dans le pessimisme. Parce que durant toute cette période délicate de ma carrière, et qui a duré pratiquement une année, j'ai toujours eu foi en Dieu et en mon innocence. Les gens qui m'ont soutenu y ont également cru. Le public marocain, qui a été mon plus grand supporter, a beaucoup cru en ma probité et mon honnêteté. J'ai bien ficelé mon dossier, élaboré avec l'aide d'avocats internationaux et d'experts de haut niveau. Je suis soutenu par ma fédération nationale. Le dernier mot revient au TAS.