Entretien. Brahim Boulami a été suspendu vendredi par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF). Continuant à clamer son innocence, le détenteur du record du monde du 3.000m steeple n'a plus d'autre recours que le Tribunal Arbitral du Sport (TAS), dont les décisions sont sans appel. Aujourd'hui Le Maroc : Brahim Boulami, vous avez été suspendu par l'IAAF. Est-ce que vous vous y attendiez un peu ? Brahim Boulami : Effectivement, je m'y attendais un petit peu. En fait, depuis le premier fax que m'a adressé la fédération internationale, l'été dernier, dans lequel j'étais considéré comme suspendu au bout de trois jours ! Puisque, c'est au bout de ce laps de temps que je devais répondre, alors qu'il me fallait quatre semaines pour répondre. De plus, Lamine Diack (le président de l'IAAF, Ndlr) a annoncé, bien avant vendredi que j'allais être suspendu pour deux ans. Tout cela fait que j'ai l'impression qu'il s'agit d'une voie déterminée, tracée dès le début. C'est dommage… Et quelle impression cela vous fait ? J'estime que c'est un peu dommage de voir que cela soit le fait de l'IAAF, qui est un peu ma famille et à laquelle j'appartiens depuis 1995. Je cherchais à ce qu'ils m'écoutent au sein de la commission de l'IAAF, mais ils n'ont pas accepté. Et ils ont remis le dossier au Tribunal arbitral du Sport, le TAS, relevant du Comité International Olympique dont le siège est à Lausanne, en Suisse. A un certain moment, ils avaient laissé entendre qu'ils allaient m'auditionner à titre exceptionnel. Mais cela n'a pas été le cas. Cela étant dit, je suis prêt à aller défendre mon dossier devant le TAS, en compagnie de mon avocat et des experts compétents en matière de dopage. Par sa décision, l'IAAF a déjugé la FRMA qui vous a innocenté le 11 février… Après avoir examiné le dossier, la Fédération royale marocaine d'athlétisme a pris la décision qu'elle estimait juste de prendre. Dans un premier temps, elle a conclu qu'elle n'avait pas tous les éléments en main pour statuer sur mon cas. Elle a renvoyé mon dossier à l'instance internationale. Mais celle-ci voulait absolument une prise de position de la fédération marocaine. L'instance marocaine a donc pris la décision de m'innocenter sur la base de plusieurs arguments, notamment le fait que la méthode utilisée pour le dépistage de l'érythropoïétine (EPO) n'était pas scientifique, que l'IAAF avait refusé d'envoyer les rapports originaux me déclarant positif à l'EPO et enfin que l'expert marocain, le Dr Abdelhamid Stambouli n'avait pas été autorisé à assister à l'ouverture d'un échantillon à Lausanne, lors d'une contre-expertise. Vous êtes conscient que la bataille devant le TAS ne sera pas facile ? C'est sûr. Ce sera une bataille très dure, autant au niveau des juristes qu'à celui des experts, qui auront leur mot à dire dès que le TAS fixera la date de l'audition. La décision de la commission de révision antidopage de l'IAAF d'en référer au TAS équivaut pour moi à une reconnaissance tacite que des irrégularités ont été commises dans la procédure et méthode de dépistage dont je mets en doute la fiabilité. Et je me présenterai devant le TAS avec mon avocat et les experts pour prouver que je n'ai pas consommé de substances interdites. Pour notre part, nous savons pertinemment qu'il y a eu des vices de forme. Et nous en avons les preuves. Et les autres le savent. Ce à quoi je m'attends, c'est à un jugement correct et impartial… Pour conclure, comment avez-vous vécu toute cette période ? Il est sûr que c'est une épreuve qui est nouvelle pour moi. Et que ce n'est pas facile à vivre. A chaque fois que je recevais une nouvelle, je me devais d'être prêt à y répondre, en attendant la prochaine décision… Heureusement, ma famille, ainsi que le public marocain m'ont toujours soutenu et réaffirmé leur confiance en moi. Sinon je n'aurais jamais pu tenir le coup.