Son avocat, constitué dans le cadre de l'assistance judiciaire, expliquait, au départ de l'examen de l'affaire, que son client était un aliéné mental et donc irresponsable de ses actes. En effet, le mis en cause, poursuivi en état d'arrestation pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, se contentait de délirer tout en se grattant de temps en temps la tête et fixant l'assistance. A chaque fois, le président de la Cour lui demandait de se tenir debout pour répondre correctement aux questions. Mais en vain. Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Le mis en cause, un jeune homme de trente-quatre ans, qui a déjà purgé une peine d'emprisonnement de deux ans ferme pour constitution d'une bande de malfaiteurs et complicité au vol qualifié, n'a pas prononcé un seul mot clair. Alors qu'au procès-verbal de son audition par la police judiciaire on apprend qu'il a tout craché, clairement et sans équivoque. Il a affirmé avoir gardé une rancune contre sa victime, une jeune fille qu'il avait aimée, mais qui a toujours refusé d'entretenir avec lui une relation amoureuse. Selon le procès-verbal, il lui a même proposé le mariage. Mais, elle l'a repoussé arguant qu'il est un repris de justice et trafiquant de drogue. Et enfin, elle a entretenu une relation avec un autre jeune homme. N'acceptant pas l'idée qu'elle soit avec un autre homme, il a décidé de se venger. Certes, selon le procès-verbal, il ne voulait pas mettre fin à ses jours mais uniquement la blesser au niveau du visage. Ainsi après qu'elle fut descendue d'un bus, il a suivi ses pas et au moment où elle s'apprêtait à rentrer chez elle, il l'a appelée. En se tournant, elle a reçu un coup de couteau, non pas au niveau du visage, mais en pleine poitrine. Elle est tombée par terre gisant dans une mare de sang. Alors qu'il tentait de prendre la poudre d'escampette, un jeune du quartier lui a coupé le chemin pour l'arrêter. Seulement, à mi-chemin de l'hôpital Sidi Othman, la jeune fille a rendu l'âme. Cependant, dès la première audience relative à l'examen de son affaire, il simulait une aliénation mentale. La Cour a décidé de le soumettre à une expertise psychiatrique qui a conclu qu'il était sain d'esprit et donc pleinement responsable de ses actes criminels. Verdict : 25 ans de réclusion criminelle.