Le compte à rebours a déjà commencé pour la majorité. A quelques mois des élections législatives, le Parti de la justice et du développement (PJD) tâte déjà le terrain pour de futures alliances. Dans ce sens, le discours du secrétaire général du parti de la lampe, Abdelilah Benkirane, a été porteur de plusieurs messages. Un discours où le parti de l'Istiqlal a été très présent. Fini le temps de la mésentente avec la formation dirigée par Hamid Chabat. Le chef de gouvernement a presque officialisé la réconciliation avec un chef de parti qui était jusqu'à un passé récent son ennemi juré. «Je lui ai tout pardonné. C'est du passé tout ça», a lancé, samedi, Benkirane devant les membres du conseil national de son parti. «Je salue les dernières décisions du parti de l'Istiqlal», a-t-il ajouté. Quelques heures après ces déclarations, Benkirane échange les accolades avec le secrétaire général du parti de l'Istiqlal. Pour des hommes qui s'échangeaient les accusations, voire les insultes il y a juste quelques semaines par médias interposés, ces comportements sont loin d'être de simples gestes de courtoisie. Ils marquent plutôt un revirement, un changement de cap. A la veille d'une épreuve aussi importante que les élections législatives, ces nouvelles orientations sont loin d'être anodines ni spontanées. Benkirane a donc jeté des fleurs à l'Istiqlal mais également au PPS. Au cours de son discours devant le conseil national, le chef de gouvernement a rendu un vibrant hommage à son partenaire dans la majorité. Qu'en est-il des deux autres composantes de la majorité, en l'occurrence le Rassemblement national des indépendants (RNI) et le Mouvement populaire ? Rien. Aucun mot pour les deux partis ni même leurs dirigeants. Benkirane a plutôt évoqué les deux régions, Casablanca-Settat et Tanger-Tétouan-Al Hoceima, que la majorité pouvait présider mais qui sont allées au Parti authenticité et modernité (PAM) grâce à un soutien de l'opposition mais aussi de la majorité. Tout ceci arrive à un moment où le secrétaire général du PPS, Mohamed Nabil Benabdellah, appelle à ressusciter la défunte Koutla, cette alliance qui regroupait dans une autre vie le parti du livre avec l'Istiqlal et l'Union socialiste des forces populaires (USFP). Mais le numéro un du PPS rêve d'une Koutla élargie avec bien évidemment le PJD comme «guest star». Il est difficile cependant de faire des pronostics sur la carte politique du pays après les Législatives de cette année. La vie politique nous a habitués à des surprises aussi imprévisibles les unes que les autres depuis des décennies. Le RNI et le MP n'étaient-ils pas membres fondateurs de la fameuse alliance du G8 avant les Législatives de 2011 avant de se retrouver côte à côte avec le PJD au gouvernement et au Parlement dans le cadre d'une alliance pragmatique. Une alliance qui pourra être mise à rude épreuve dans les prochaines semaines. Cela a peut-être déjà commencé. Benkirane a réuni ses alliés vendredi dernier. Au final, un communiqué fade de quelques lignes a été publié avec zéro annonce…