Plusieurs athlètes d'origine marocaine prennent part aux épreuves d'athlétisme des J.O. d'Athènes sous d'autres couleurs, françaises ou bahreïnies pour la plupart. Mais les ponts avec le Maroc ne sont pas coupés pour autant. Ils sont nombreux, ceux qui sont d'origine marocaine mais qui prennent part aux Jeux Olympiques d'Athènes sous d'autres couleurs. Que se soit au village olympique, sur les terrains d'entraînements ou sur les pistes du stade olympique d'Athènes, ils passent, pour la plupart d'entre eux, le plus clair de leur temps avec les autres athlètes marocains. Tous partagent le même rêve : celui de connaître la consécration suprême et glaner une médaille olympique qu'ils soient Marocains, Français, ou Canadiens. C'est en effet cette dernière destination qui a la cote. Le dernier départ en date est celui de la spécialiste du demi-fond, Hind Charif Dehiba, qui a obtenu la nationalité française le 21 juillet dernier, c'est-à-dire, une vingtaine de jours avant le début des J.O. Une naturalisation qui a provoqué un tollé puisque l'athlète a été accréditée par la Fédération royale marocaine d'athlétisme (FRMA). La franco-marocaine, alignée mardi soir sur la première série qualificative du 1500m, n'a pu dépasser le premier tour de cette distance. Parmi ces porteurs de double nationalité franco-marocaine, il y a un sprinter, Abderrahim El Haouzy, sélectionné pour le relais 4x400m et un marathonien, Driss El Himer. Ce dernier, qui s'est un certain moment entraîné avec Hicham El Guerrouj, a une drôle d'histoire à raconter. En 1996, il participe à une course sur route en France. Il y a rencontré le responsable de la Légion étrangère qui l'a convaincu de rejoindre le corps d'armée à Aubagne. Deux ans plus tard, il obtient la nationalité française. Champion de France de cross à plusieurs reprises, il prend depuis part aux différentes compétitions internationales avec les Tricolores. Les racines marocaines n'ont pas été reniées pour autant. « Mon idole est Saïd Aouita », n'hésite-t-il pas à déclarer. Toujours dans la catégorie des marathoniens, à noter la présence d'El Hassan Lahssini qui a quitté le Maroc pour la France en 1985 et Rkiya Maraoui, native de Boujaad en 1967, qui s'est établie dans un premier temps en Italie, avant de rencontrer, en 1994 un Français qui va devenir son mari. Mais le plus connu d'entre eux est incontestablement Smaïl Sghir, classé 8ème sur le 10.000m, le premier européen sur cette distance. Il a même réussi à battre le record de France de cette distance. Entré en lice le premier jour des épreuves d'athlétisme, vendredi 20 août, il passe depuis le plus clair de son temps avec les athlètes marocains, avec qui apparemment il se sent le plus à l'aise. Et pour preuve, son entraîneur n'est autre qu'Abdelkader Kada, le coach de Hicham El Guerrouj. Avec les Marocains, Smaïl ne fait que « parler arabe avec eux, les taquiner, essayer de les décontracter et évoquer les souvenirs d'antan, du temps où on faisait partie de la même équipe». Ayant longtemps couru sous les couleurs nationales, notamment lors des championnats du monde de 1995, 1997 et 1999 ainsi qu'aux Jeux Olympiques d'Atlanta en 1996, il n'a pu prendre part aux J.O. de Sydney puisqu'il n'avait pas à l'époque obtenu sa nationalité française, la FRMA ayant refusé de le libérer. Ce n'est que vers la fin de cette même année qu'il est devenu officiellement Français. Pour les Jeux athéniens, les néo-Bahreïnis ont fait concurrence aux néo-Français. Dans les épreuves d'athlétisme, ils étaient six Bahreïnis à être en lice, dont quatre Marocains. Le plus connu est Rachid Ramzi, jeune spécialiste du demi-fond qui a volé la vedette à Hicham El Guerrouj lors du meeting de Rome, épreuve lors de laquelle il a remporté le 1500m. Donné favori par de nombreux spécialistes, Ramzi n'a pu dépasser le stade des demi-finales. Dans le camp bahreïni, la déception s'est agrandie après l'élimination de Mohamed Zakaria Abdelhak, alias Mohamed El Gourch, sur le 5000m et l'abandon de sa compatriote, également d'origine marocaine, Nadia El Jafini, au marathon. Le seul espoir de Khalid Boulami, entraîneur marocain de l'équipe arabe, est Mustapha Riyadh, engagé sur le marathon. Tous ces athlètes n'ont pas également coupé les ponts avec leur pays d'origine puisqu'ils y résident, s'y entraînent et y préparent leurs différentes sorties européennes. Mercredi soir, cette liste française et bahreïnie s'est enrichie par un nouvel arrivant, Achraf Tadili, Canadien engagé sur la neuvième série du premier tour du 800m. L'athlète a en effet quitté le Maroc, en compagnie de sa famille, a destination du Canada en décembre 1998. Etudiant en programmation cinématographique à l'UQAM, il a obtenu la nationalité française. S'il revient rarement à son pays d'origine, ce dernier ne le quitte pas. «J'ai décidé d'être athlète après avoir vu Hicham El Guerrouj courir. Mon ambition est de courir le 800m en 1 :42 :70, comme l'a déjà fait Hicham El Guerrouj ». Fadoua Ghannam Notre envoyée spéciale en Grèce