Les ports marocains sont toujours à la traîne dans l'application du code de la sûreté maritime ISPS. L'engagement solennel du gouvernement par la voix du ministre du Transport et de l'Equipement, Karim Ghellab, n'y change rien. Une situation qui commence à pénaliser les acteurs du secteur maritime. L'engagement solennel du gouvernement par la voix du ministre du Transport et de l'Equipement, Karim Ghellab (cf. ALM N°674) n'y change rien. Deux mois après l'entrée en vigueur du nouveau dispositif mondial de la sûreté des installations maritimes (code ISPS), les ports marocains sont toujours hors la loi. Les conséquences, prévisibles, se font déjà sentir et les ennuis des professionnels du secteur commencent. Quelques exemples le prouvent : les ports italiens refusent désormais le débarquement de conteneurs à toit ouvert de type Open-Top en provenance des ports marocains. Il y a une quinzaine de jours, un navire américain qui a embarqué sur le port de Casablanca a exigé des autorités portuaires un rapport d'escale, faute de certification. Ce texte comporte la liste des actions et mouvements entrepris sur et autour du navire lors de son escale. L'inquiétude est telle que l'on commence à craindre sérieusement, dans certains milieux maritimes, une riposte de la part des ports européens. Ces derniers seraient sur la voie d'aménager des quais spéciaux pour accueillir les navires en provenance de ports non certifiés. Si ce schéma est à écarter pour le moment, le risque est grand de voir les choses tourner au vinaigre à l'avenir pour les navires embarquant ou transitant d'un port national. Devenue obligatoire pour les ports et les navires du monde entier depuis le 1er juillet dernier, la certification de sûreté ISPS se présente aujourd'hui comme le nouveau sésame qui permet l'accès aux ports américains et européens. Le code ISPS exige des compagnies maritimes et des autorités portuaires la mise en place de plans de sûreté pour chaque compagnie, chaque navire et chaque installation portuaire, ainsi que le contrôle des marchandises conteneurisées. Ce code est venu s'ajouter à une série de règlements déjà applicables pour les départs vers les Etats-Unis. Il s'agit notamment de l'initiative CSI - Container Security Initiative – qui oblige depuis 2 ans déjà à transmettre aux douanes américaines une déclaration préalable de marchandises détaillant le contenu de chaque conteneur 24h avant son chargement sur le navire. Au Maroc, ils sont 12 ports à êtres concernés par le dispositif ISPS : il s'agit des ports de Nador, Tanger, Mohammédia, Casablanca, Jorf Lasfar, Safi, Agadir, Tan-Tan, Laâyoune, Dakhla, Al-Hoceïma et Kénitra. À ce jour, aucun de ces ports n'est certifié conforme audit code. La multiplicité des intervenants (Marine marchande, Direction des ports, police, douane…) et leur méthode de travail ne facilitent certainement pas les choses. D'autant plus que la problématique de la sûreté dans les ports nationaux comporte une problématique qui s'aggrave jour après jour : celle des clandestins, surtout au port de Casablanca, devenu particulièrement perméable. Les failles de sécurité sont énormes, et chaque jour dégage son lot de clandestins arrêtés, très souvent au large de la mer. Avec les conséquences que cela entraîne : un clandestin coûte aux compagnies pas moins de 10.000 euros. Une commission technique avait recommandé l'acquisition des moyens technologiques pour le contrôle de marchandises comme les scanners, mais aussi l'installation de détecteurs de présence humaine CO2 dans les TC et remorques, afin d'éviter leur ouverture et gagner du temps. Mais la mise en place de ce dispositif technologique nécessite au moins 6 mois. Voire plus. Un retard qui risque de ne pas être toléré par tout le monde…