Yasser Arafat ainsi que toute l'Autorité palestinienne sont occupés par les réconciliations internes au moment où Sharon applique ses plans à la lettre. Après avoir reporté à plusieurs reprises l'entretien avec Mohammed Dahlane, le président palestinien a daigné enfin accepter de recevoir, lundi, l'ancien chef de la Sécurité préventive dans la Bande de Gaza. Les critiques sévères adressées par Dahlane de façon directe envers M.Arafat, depuis le début de la crise, avaient irrité ce dernier. Du coup, la colère des proches d'Arafat s'est abattue sur Dahlane à coups d'accusations : «collaboration » avec les Israéliens et soif de pouvoir. L'entretien en question était prévu pour dimanche dernier, mais le président palestinien l'a reporté après avoir reçu une lettre qui lui serait parvenue d'un groupuscule se faisant appeler « Fatah : la voie de la réforme». Des exemplaires de la lettre-communiqué ont été distribués un peu partout en Cisjordanie et à Gaza avec comme contenu un appel au changement au niveau du leadership palestinien, et des menaces de mort à l'égard de la personne d'Arafat et de ses proches collaborateurs. L'heure donc est à la réconciliation après le chaos total qui a sévi à la Bande de Gaza durant plus d'un mois à cause de l'insatisfaction croissante provoquée par le régime en place. D'abord Yasser Arafat a admis, récemment, avoir commis des erreurs tout en s'engageant à effectuer une opération de « nettoyage » au sein dune Autorité palestinienne. Il a promis une réforme en profondeur de cette Autorité rongée par la corruption. Des intentions qui n'ont pas dépassé le stade verbal et sans même préciser les mesures envisagées par Abou Ammar pour corriger ses erreurs. Cette hésitation visiblement non-fondée de la part du Raïs risque de provoquer une confrontation avec le Parlement qui menace de suspendre ses travaux en signe de protestation. D'ailleurs M. Arafat a déjà échappé jeudi à une motion du Conseil législatif palestinien (CLP) appelant à une suspension illimitée de la Chambre tant que le président de l'Autorité palestinienne ne procéderait pas aux réformes promises. Il n'a dû son échappe à d'éventuelles motions susceptibles de le mettre dans l'embarras ou d'entraîner la démission du gouvernement d'Ahmed Qoreï, que grâce au soutien d'une grande partie des députés du Fatah, qui dominent le Parlement. Entre-temps, Ariel Sharon accélère la construction dans les blocs de colonies de Cisjordanie tout en préparant l'évacuation des colonies de Gaza. Le nombre des constructions en Cisjordanie représente, cette année, 12 % des mises en chantier, alors que les colons ne représentent que 3,6 % de la population israélienne. Le Premier ministre israélien est déterminé à appliquer son plan en dépit de l'opposition au sein de son parti, ne comptant que sur l'approbation et le soutien de l'Administration américaine. Washington qui, appelait de longue date Israël à suspendre la construction de colonies, conformément à ce que préconise la « feuille de route » entérinée et défendue par les Américains eux-mêmes, vient de changer de cap. En effet, selon les observateurs, ces nouvelles constructions n'auraient jamais été annoncées sans le feu vert de Washington. A un peu plus de deux mois de la présidentielle américaine, le président-candidat, George Bush, semble ne penser qu'à conquérir les puissants lobbys israéliens et séduire l'électorat juif de son pays, ainsi que les conservateurs chrétiens favorables aux Israéliens. La création d'un Etat palestinien d'ici fin 2005 paraît de plus en plus impossible, compte tenu de la tournure des évènements. Et ce ne sont certainement pas les accusations d'Ahmed Qoreï envers les USA ni les déclarations tonitruantes de Saëb Erekat relayées timidement par le secrétaire général de la Ligue arabe qui changeraient la donne.